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 142                     LE PÈRIi DE LA CHAIZE.
observer avec justesse, dans son Histoire de Madame de Malntenon,
que ce fut du principe politique, bien plus que du principe reli-
 gieux, que dériva la doctrine de l'intolérance civile et la domi-
 nation exclusive de la religion de l'Etat dans les lois. » Au XVIIe
 siècle, comme au temps de Constantin et de Théodose, « un acte
 d'impiété ou un sacrilège semblait aussi digne de châtiment
 qu'un vol ou un assassinat; même dommage semblait causé à la
société , et on s'attachait à écarter ou à réprimer tout ce qui
pouvait diminuer le respect pour la religion. » (l) Pénétré plus
que personne des avantages que paraissait offrir cette doctrine,
Bossuet n'hésitait point à déclarer, dans son immortelle Histoire
 des Variations, a que c'est par le concert mutuel du sacerdoce
et de l'Empire que la religion catholique a conservé le précieux
dépôt de la foi. »
    De là découlaient pour les souverains catholiques l'obligation
de maintenir, même par la force, l'intégrité de la foi. « Je n'ay
pas besoin de m'expliquer, disait l'illustre évèque, sur la question
de sçavoir si les princes chrétiens sont en droit de se servir de la
puissance du glaive contre leurs sujets ennemis de l'Eglise et de
la saine doctrine, puisque en ce point les protestants sont
d'accord avec nous. Luther et Calvin (2) ont fait des livres exprès
pour établir sur ce point le droit et le devoir du magistrat
La discipline de nos réformés permet aussi le recours au bras
séculier dans certains cas, et on trouve parmi les articles de la
discipline de l'Eglise de Genève que les ministres doivent déférer
au magistrat les incorrigibles qui méprisent les peines spiri-
tuelles, et en particulier ceux qui enseignent de nouveaux dogmes
sans distinction. Et encore aujourd'huy, celuy de tous les auteurs

   (1) Hist. de Madame de Mainienon, par le duc de Noailles, t. n.
   (2) « J'approuve, a dit Calvin, que saint Augustin ait souvent usé de ce
témoignage contre les Donatistcs, pour montrer qu'il est permis aux princes
fidèles de contraindre les rebelles et les obstinés, et de faire des édits pour
les faire revenir à l'unité de l'Eglise : car, bien que la foi soit volontaire,
nous voyons néanmoins que les moyens profitent, pour dompter l'obstina-
tion de ceux qui n'obéiroient jamais s'ils n'avoient été forcés. »
  Harmonies des Evangiles de saint Mare et de saint Lue.