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138                     LE PÈRE DE LA CHAIZE.
catholique dans un pays où elle avait exclusivement dominé
depuis des siècles. « On ne peut tirer autre chose des accusés,
dit le P. Bordes, de l'Oratoire, sinon que le sieur Colman avait
tâché de procurer par les voies douces et innocentes une tolérance
pour les catholiques, employant le P. de La Chaize auprès du roi
très-chrétien, afin d'entretenir encore une plus étroite corres-
pondance entre les deux couronnes , ce qui est bien différent
de ce projet fabuleux où on le faisait entrer. » (1)
   Antoine Arnauld, qui conserva toujours au milieu de ses er-
reurs, l'intégrité et la droiture d'une grande âme, Arnauld ne
put souffrir en silence ces iniques accusations, et quoiqu'il fût
l'adversaire déclaré des Jésuites, il se fit un devoir de les défendre
hautement en cette circonstance :
   « On voit par ces lettres de M. Colman, dit le célèbre janséniste,
dans son Apologie des catholiques, p. 271, qu'il n'écrivoit au P.
Ferrier, et, après sa mort, au P. de La Chaize, qu'afin qu'ils
fussent ses entremetteurs auprès du Roi, et que rien aussi ne se
faisoit sans la participation de Sa Majesté. » — Et il ajoute, à
propos du prétendu complot des Jésuites : « Peut-on dire cela,
après avoir lu ces lettres, qui marquent que tout se traitoit avec
le Roy par l'entremise du P. de La Chaize ou de M. de Pomponne,
sans faire soupçonner Sa Majesté d'avoir approuvé ces desseins
cruels et sanguinaires qu'on attribue faussement aux catholiques ?
ce qui serait une calomnie si diabolique, que l'on ne peut en
avoir donné la moindre idée sans mériter d'être en exécration,
non seulement à toute la France, mais à tout le genre humain. »
  Telle fut l'opinion émise par Arnauld sur le livre de Jurieu ;
Hume et Lingard furent du même avis. Mais ce qui acheva de
réhabiliter la mémoire des six infortunés Jésuites (2), ce fut, —

   (1) Supplément au traité doymalique et historique des Edits, c l c , par un
prêtre de l'Oratoire (le P. Bordes). Paris, in-4°, imprimerie royale, 1703,
p. 682 et suiv.
    (2) Parmi les cinq Jésuites arrêtés sur la dénonciation d'Oates , le P.
lreland se trouvait accusé d'avoir donné les ordres convenus avec sa O
pour tuer le roi. Quant aux Pères Grovcr et Pikering, chapelains de la reine,
ils avaient, dit-on, reçu l'ordre de tirer sur S. M. à Windsor, le premier