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                       LE PÈRE DE LA CHAIZE.                           133
 la Chaize, confesseur du roi de France, et M. de Pomponne
 avaient mis à la disposition des Jésuites des sommes importantes ;
 qu'il avait des lettres de leur main (1) dont ils ne pourraient nier
l'authenticité et qui en fournissaient la preuve. L'Irlande et
l'Ecosse étaient du complot ; une nouvelle Saint-Barthélémy
 était préparée contre les protestants (2) ; le pape avait envoyé
 des indulgences aux assassins ; et, tandis que le massacre était
 prêché hautement dans toutes les chaires d'Italie, les Jésuites le
 conseillaient sourdement dans les chapelles domestiques d'An-
gleterre ; enfin, les principaux rois et princes catholiques de-
vaient, ainsi que Louis XIV, fournir tous les hommes et l'argent
nécessaires pour opérer ces grands changements.
    Oates ajoutait que, grâce à son apostasie, il avait pu pénétrer
cette trame. « C'est lui qui en a été l'agent le plus actif, lui qui
connaît les mystérieuses complications qui lient le général des
Jésuites au St-Siége, lui qui a tout vu, qui a tout su, qui a tout
lu, et qui, au risque de sa vie, révèle tout par amour pour la
vieille Angleterre. A Madrid, il a visité don Juan d'Autriche,
l'allié des Jésuites ; à Paris, le P. La Chaize l'a reçu comme un
envoyé de Dieu, et lui a compté dix mille livres sterling. Oates
dit avoir été mis en relation avec l'infant. » — Charles II lui de-
mande de décrire sa personne. — « Oates répond sans hésiter :
don Juan, homme grand, maigre et brun. » — C'était le type
espagnol : le dénonciateur avait des chances pour tomber dans
le vrai ; mais, raconte Lingard : Charles se tourna vers sou frère
et sourit. Tous deux connaissaient personnellement le prince ;
ils savaient qu'il était de très-petite taille et d'un teint très-
blanc. — Et, ajoute le roi, où avez vous vu le P. La Chaize? - -


   (1 ) Titus Oates ne put montrer pendant tout le cours du procès une
seule ligne de la main du confesseur et du secrétaire d'Etat des affaires
étrangères.
   (2) Voir l'Histoire de la Compagnie de Jésus, par M. Crétineau Joly, et
le Supplément ou traité dogmatique et historique des édits, etc. , par un
prêtre de l'Oratoire (le P. Bordes). Paris, in-4", imprimerie royale, 1703,
p. 682 et suiv.