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                      DANS LE SAHARA.                     91

de celles qui ont été envoyées au concours; la versifica-
tion y est soutenue, et nous pourrions y signaler quelques
beaux vers, la description du désert, par exemple.
  En haut, d'un ciel d'airain l'implacable splendeur,
  En bas, le grand désert, silencieux, sans bornes,
  Partout le triste aspect des solitudes mornes.
  Mugisse du simoun le souffle impétueux,
  Le désert se soulève en flots tumultueux
  Et non moins agité qu'une mer en furie,
  Pêle-mêle engloutit le pèlerin qui prie,
  Le marchand éperdu, les troupeaux effarés,
  Le coursier qui s'enfuit par bonds désespérés
  Et le chameau pliant sous le poids de sa charge,
  Pour les renfermer tous la tombe est assez large.

 Malheureusement, celte pièce est courte ; les autres ta-
bleaux manquent de développement, le rhythme de variété.
Les conclusions n'ont rien de bien poétique. L'auteur se
contente de prédire l'exploration prochaine de l'Afrique cen-
trale et de dire assez prosaïquement aux Arabes que le fana-
tisme enchaîne : « Suivez à votre tour la route du progrès. »
   C'était une des obligations imposées par le sujet comme
par tous les sujets modernes, d'assouplir notre langue poé-
tique de manière 5 lui faire exprimer un certain nombre
d'idées nouvelles que nos grands auteurs d'autrefois n'ont
pas eues. Quelque fixées que soient les langues, elles sont
tenues de suivre toutes les révolutions de la pensée elle-
même. Nos idées les plus modernes et les plus abstraites,
comme celles de science et de progrès, sont très-poétiques,
mais à la condition d'être exprimées d'une certaine manière.
Ajoutons, en laissant a chacun la liberté de se faire sa poé-
tique particulière, que notre langue est assez riche pour qui
sait habilement la manier et assez flexible pour se plier au
besoin a toutes les nouveautés.