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                       DANS LE SAHARA.                       8N

 yeux d'une génération indifférente? Car enfin si le sens poé-
 tique venait jamais a faillir, si Homère , Virgile , Milton ou
 Racine étaient moins lus et moins admirés , que deviendrait
 le goût, privé de ses plus beaux modèles ! que deviendraient
les langues qui n'ont jamais été formées que par les poètes ?
 Le style, qui n'a jamais été si nombreux et si pur que lorsque
 les vers ont été en honneur ? Que deviendraient enfin les
 arts, si au lieu de répondre au besoin le plus noble et le plus
impérieux des esprits, ils étaient réduits à servir le luxe et
à flatter les sens ?
    Qu'on sache donc gré à l'Académie de Lyon de marcher
de loin sur les traces de l'Académie française , et d'avoir
aussi une fête de la poésie, d'ouvrir a tout venant une lice
où de jeunes talents viendront s'essayer a donner aux hom-
mes de goût qu'elle invite a ses séances le premier signal
d'applaudissements mérités. Qu'on nous sache gré d'avoir
attiré cette année dix-sept concurrents, dont une moitié en-
viron a fait preuve de facultés poétiques remarquables, et
nous a montré que les poètes qui s'en vont peuvent laisser
après eux une postérité. Qu'on nous sache gré de notre sé-
vérité même : d'avoir voulu le sentiment vrai, la justesse
et la grandeur de l'idée enrichies par la puissance de l'ex-
pression, et de n'avoir pas cru mettre ainsi les palmes aca-
démiques a un trop haut prix. Nous n'avons pas réussi au-
tant que nous l'aurions espéré ; nous nous félicitons pour-
tant des résultats de ce concours, car plusieurs concurrents
ont approché du but, et plusieurs, qui en sont restés plus
éloignés, nous ont paru capables de l'atteindre.
   Le sujet était : Le premier puits artésien creusé dans le
Sahara.
   L'été dernier, à 175 lieues d'Alger, à 90 de Constantine,
entre Tamerna et Sidi-Rached, sur les confins de l'oasis de
Tougourt que traversent les caravanes et qui commande