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08 ÉTUDE SUR LA CRÉMATION. De nos jours l'enterrement des morts est chose pratiquée chez presque toutes les nations du globe, à l'exception de quel- ques coutumes sacrilèges et barbares en vigueur encore dans Fintcrieur de l'Afrique et les îles de la Polynésie; et hormis l'Indoustan , l'Indo-Chine , Sumatra , Java et une partie de la Mantehourie, où la crémation a continué de subsister. De cette rapide statistique il résulte un fait incontestable , c'est que la pratique de l'inhumation a toujours été plus généra- lement répandue que celle de la crémation. De cette dernière , l'antiquité ne nous offre qu'un nombre restreint d'exemples, et les temps modernes nous la montrent évanouie, puisqu'on ne la retrouve que dans une fraction de l'Asie. Les partisans de la crémation qui ont invoqué en sa faveur le puissant précédent de l'antiquité, doivent donc se résoudre à ne s'eit prévaloir que dans une juste mesure. Au contraire, si, dans l'existence et la généralisation d'une coutume, il faut voir comme sa raison d'être et sa consécration divine, nulle autre, mieux que l'inhumation, n'offrirait ces caractères sacrés. Mais il est bon de confronter ces preuves historiques avec celles que nous fournissent la raison et l'instinct. §. IIe — QUELLE EST LA MÉTHODE LA PLUS RATIONNELLE ? Cette solution n'est pas difficile à saisir quand on la fait dé- pendre de l'instinct naturel, humain. Celui-ci donne aisément raison h la crémation. La préférence qu'elle inspire irrésistible- ment tient aux plus délicates fibres de notre cœur et à notre nature. Elle procède de cette invincible horreur, de celte formi- dable répulsion que nous éprouvons pour la décomposition , pour l'anéantissement hideux et progressif de nous-mêmes. Je Galaad ayant ouï ce que les Philistins avoyent faict à Saiil, cheminèrent toute la nuict pour aller prendre son corps et ceux de ses trois fils, tous lesquels estoyent fichés aux murailles de Beth-San, et qu'ils les emportèrent en Jabcs, et là les (trustèrent, puis prindre leurs os, et les ensevelirent sous un arbre, cl jeusnèrent sept iours. Ces passages et anltrcs monslrent évidemment que les Israélites brusloycnt les corps des Trcspassés, sinon de toutes sortes de personnes indifféremment, du moins ceux de leurs rois.