Pour une meilleure navigation sur le site, activez javascript.
page suivante »
6fi                 l'ïTUDE SUR LA CRÉMATION.

ccssaire à l'âme, pour qu'elle se détachât du corps consumé,
avant d'aller accomplir ses transmigrations.
   Les Grecs, ce peuple qui a tenu tant de place un instant, en-
terraient ou brûlaient tour-à-tour; les Romains brûlaient pres-
que exclusivement. Chez les premiers , l'usage de l'incinération
remontait à la plus haute antiquité , ainsi qu'Homère nous en
fournit la preuve, lorsqu'il décrit les funérailles de Patrocle, et
son héroïque bûcher large de plus cent coudées. Plus tard ,
l'histoire nous fait admirer à Babylone les gigantesques funérailles
qu'Alexandre-le-Grand fit célébrer en l'honneur d'Ephestion, et ce
fabuleux bûcher de quatre cents pieds carrés, où Vami du con-
quérant fut réduit en cendres.
   De qui les Grecs tenaient-ils cette coutume, eux qui semblent
n'avoir eu de relations primordiales qu'avec l'Egypte ou l'Àsie-
Mineure ? C'est ce qu'il est assez difficile de préciser, mais qu'on
peut expliquer en supposant des rapports à une époque indéter-
minée entre les philosophes grecs et les brahmanes indiens, ou
gymnosophistes, suivant le nom que les premiers leur décernaient.
Cependant, la crémation rencontra, à diverses reprises, des
adversaires chez les Grecs, et pour n'en citer qu'un, nous nomme-
rons le sage Thaïes. Il condamnait cet usage, et voulait que les
corps fussent enterrés, afin de se résoudre plus facilement en eau
q u i , selon lui, était l'agent universel, et la substance-mère de la
nature.
   Les Romains empruntèrent cette sépulture aux races helléni-
ques, mais non pas avant le règne de Numa, car de son temps il
n'en était pas encore question, et ce prince lui-même fut inhumé
dans un sépulcre. Plus t a r d , l'incinération devint d'un usage
tellement fréquent dans toutes les classés, qu'elle régna presque
sans partage jusqu'au IV e ou au V e siècle de l'ère chrétienne. Ce
n'était qu'à de rares intervalles, et par une sorte d'exception de
fantaisie que les défunts étaient encore inhumés.
   Parmi les nations plus ou moins barbares de l'ancien monde
connu, les Ethiopiens etles Egyptiens embaumaient ; les Carthagi-
nois enterrèrent d'abord et brûlèrent ensuite. Les Perses enter-
raient, et la crémation leur était formellement interdite, ainsi