page suivante »
HISTOIRE. 61 yens. Si l'on ajoutait foi aux rêveries de certains auteurs, les Français seraient les plus proches parents des Romains, par cette souche qu'on dit commune avec eux ; ne voit-on p a s , aujour- d'hui , une famille illustre , chercher dans Torquatus , fameux Gaulois, l'auteur de sa race; un autre prétend descendre de la tribu de Lévi ; e t , ne regarde-t-on pas , avec étonnement, qu'une communauté religieuse reconnaisse le prophète Élie pour son fondateur? Le même égarement s'empare de l'homme nouvel- lement anobli, dans la vue de mettre un voile sur l'obscurité de ses ayeux; tel fut le petit-fils ou l'arrière petit-fils d'un valet de chambre ou d'un laboureur, qui réclame, dans ses auteurs, le nom de quelque ancien seigneur de la Bourgogne: tel autre se donne, pour souche de sa race, un fameux guerrier, qui n'aperçoit que des anciens fermiers enrichis au nombre de ses ancêtres; et, cent ans d'intervalle ont fait souvent renier, à bien des familles, d'honnêtes marchands, de qui elles tenaient tout le bien et l'hon- neur qu'on pouvait encore apercevoir chez elles. Ces réflexions conduisent naturellement à rejeter tout le fa- buleux de l'origine des seigneurs de Beaujeu, pour ne reconnaî- tre qu'Umfred, la souche de ces mêmes seigneurs, qui, s'étant agrandis par degrés, brûlèrent du désir de faire parade d'une origine illustre. Alors, on vit paraître des armes sur leurs tom- beaux, pour en imposer à la postérité ; Umfred, à la vérité, pa- raît un homme puissant, soit par le château fort de Beaujeu qu'il possédait, soit par l'élévation subite de sa race, soit par les al- liances que ses descendants contractèrent, soit même par les fon- dations considérables et en grand nombre qu'ils firent. Et l'on peut conjecturer, à bon droit, que si cette maison ne descendit pas des comtes de Flandre ou de ceux de Forest et Lyon, (ce qui ne paraît pas vraisemblable), du moins , elle est contemporaine à celle de Flandre ; il est vrai qu'ayant été plus longtemps à se faire connaître et à être illustrée par les charges de l'état, sa puissance ne s'est accrue que par la réunion des fiefs des diffé- rents seigneurs, ses voisins, au château de Beaujeu; ces divers seigneurs, dans les temps de troubles, trop faibles et hors d'étal de se défendre, se mirent sous la sauvegarde rie ceux de Beaujeu,