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                LYON APRÈS LE [X THERMIDOR.                33

 saient ardemment le culte. La Société populaire fut excitée
par des discours passionnés ; un instituteur nommé Berger
y développa des théories que les représentants jugèrent SJ
dangereuses qu'ils en firent un rapport à la Convention et
traduisirent l'orateur au Comité de sûreté générale. 11 aurait
dit que les Sociétés populaires étaient le siège immédiat de
la souveraineté du peuple ; que chaque Société populaire
est non le souverain, mais une portion du souverain ; que
le souverain se compose de l'ensemble. A cette métaphysi-
que politique Berger aurait ajouté d'autres conseils qui,
sans doute , déplurent encore davantage. Il avait, dit-on,
reproché aux Patriotes leurs divisions dont il avait signalé
l'origine dans les usurpations dominatrices de la Commission
temporaire. Il les avait exhortés à l'oubli de ces querelles de
personnes, au sacrifice de ces haines funestes à la révolu-
tion et à la patrie. Touchée par cette harangue, la Société
avait aussitôt ouvert son sein à plusieurs des membres
exclus, notamment à Bertrand, l'ancien maire, et a Arnaud-
Tizon ; enfin pour que cette réconciliation des Patriotes fût
générale et publique , on avait imprimé et affiché le discours
de Berger avec la relation de la séance ; mais les procon-
suls se hâtèrent de publier une protestation contre de telles
doctrines qu'ils signalèrent comme subversives. Ils chassè-
rent de la Société tous les membres qu'elle avait reçus et
en suspendirent provisoirement les assemblées.
   Cette affaire fut suivie de quelques désordres , ayant pour
but peut-être de délivrer Berger, détenu mais non encore
transféré a Paris. De fausses patrouilles circulèrent une nuit
dans les rues ; un individu , ayant le costume et prenant le
titre de major, parcourut les postes et se fit suivre par une
partie des militaires qui les composaient. Il essayait avec
cette escorte de se faire ouvrir la prison de Roanne, lors-
qu'il fut reconnu et arrêté.
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