page suivante »
566 LA REVUE LYONNAISE Vous teniez le problème, et dès lors, plus d'obstacle. Vous riant et des vents et de l'astre du feu, Vous franchissiez les airs, et l'on criait, miracle ! Et l'on crut, à bon droit, vos fronts bénis de Dieu. — Le conquérant du ciel, le Titan introuvable, Le ballon que rêva plus d'un esprit allier, Vous l'aviez découvert. Au livre indéchiffrable, Vous, vous aviez su lire. Honneur aux Montgolfier ! Naturellement un grand banquet a réuni les autorités et les organisateurs ; la politique a failli tout gâter, mais quelques mots spirituels du colonel Perrier ontremis la bonne harmonie à la place d'honneur que quelques imprudents avaient voulu lui faire quitter. L'union fait la force, et le Comité d'organisation qui, avec beaucoup de peine et d'esprit de conciliation, a su réunir 76.000 fr. pour le monument qui en coûtera 100.000, est fort intéressé à ce qu'au- cune question de politique ne vienne compliquer la tâche patrio- tique et honorable à laquelle il a voué ses efforts. Un mot encore en finissant. Les espérances que Joseph Mont- golfier faisait entrevoir dans son discours à l'académie de Lyon sur la direction à imprimer aux ballons, ne se sont pas j u s - qu'ici réalisées. Dès l'origine, en 1784, le physicien Meusnier eût l'idée de la forme ovoïde à donner au ballon dans le diamètre horizontal et inventa un ballonnet intérieur, condensateur de l'air atmosphérique ; en remplissant d'air extérieur ou en vidant ce ballon intérieur, on rend l'aérostat plus ou moins lourd; dès lors on le fait descendre ou monter. L'usage du lest mobile a fait abandonner ce procédé ingénieux, mais peu pratique. Ce serait dépasser absolument le but de ces notes rétrospectives, eu essayant d'énumérer les innombrables tentatives des inventeurs, à la recherche de la direction des ballons : elles peuvent se résumer en un mot : aucune n'a réussi. Toutefois le problème n'est pas insoluble. Tout récemment, en mars 1884, à Paris, MM. Debayeux et Chapel ont fait des expériences publiques sur un système de leur invention. Il n'y a que deux moyens connus de locomotion jusqu'à présent; la traction et la propulsion. Ils ne sont l'un et l'autre utilisables que lorsqu'ils s'exercent sur des milieux résistants, la terre ou l'eau.