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218                  LA REVUE LYONNAISE
   Par suite, paraît-il, d'un malentendu, les bijoutiers, à une ex-
ception près, se sont abstenus. J'entends les bijoutiers en or seule-
ment, car il en est d'autres, qui, pour travailler un moins noble
métal, n'en exécutent pas moins de vrais bijoux ; je puis bien appe-
ler de ce nom, je crois, ces clefs, et ces chenets en fer forgé ciselé,
exposés par M. PIERRE GAUTHIER, et toute la serrurerie gothi-
que de M. SALESSE d'Oullins. Je rappelle encore ici le panneau
en ferronnerie exécuté par MM. GUERET BLANC sur les dessins de
M. Bardey ; on n'a jamais assoupli le fer d'une façon plus artistique-
   J'arrive aux meubles, par lesquels j'aurais dû peut-être com-
 mencer puisqu'ils garnissent spécialement la première salle de l'ex-
 position, mais que j'ai conservés, en gourmand, pour la bonne
 bouche. M. CHALEYSSIN, avec sa console Louis XVI en noyer,
 M. DUFJN, avec son meuble à bijoux en buis, son cabinet Renais-
 sance à deux corps, sa caisse d'horloge et ses torchères Louis XIV,
 MM. FLACHAT ET COCHET, avec leur crédence Louis XIV, en bois
 de noyer naturel ciré avec gravures vieil or, rivalisent de goût et
 d'adresse. M. MENU vient ensuite avec un grand lit Renaissance à
 colonnes, très bien drapé, mais trop écrasé par les moulures de sa
 galerie. Je dois enfin citer un ouvrage de menuiserie de M. DÉNAT,
 une porte de salon bois de noyer et or, remarquable par la pu-
 reté des lignes et la sobriété gracieuse de l'ornementation.
   J'en aurai fini avec la galerie des Arts décoratifs, quand j'aurai
mentionné les modèles en plâtre de la fontaine de la place des Jaco-
bins, et du monument élevé par M. Coquet, à la mémoire des
légions du Rhône, placés là sans doute pour nous donner un avant-
goût des jouissances sculpturales réservées par l'administration à
nos arrière-petits-neveux. Si rapide qu'ait été notre promenade à
travers toutes ces richesses entassées, je crois en avoir assez dit
pour attester l'incontestable supériorité de nos industries d'art lyon-
naises.
   Car nous avons à Lyon des industries d'art. C'est ce qu'il fal-
lait démontrer, comme on dit dans les traités classiques de géomé-
trie, à la gloire de notre cité, et dans l'intérêt de ces artistes émi-
nents et consciencieux, laissés par leur modestie dans une trop
longue obscurité. La Société des Amis des Arts me paraît avoir
fait cette démonstration sans réplique.