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 304                        LA R E V U E     LYONNAISE

       La soula diferensa es d'esser bouide ou pie ;
       D'aver fach soun dever, d'aver segut la le ;
       D'aver prez en doussour lou trantran de la terra ;
       D'aver pagat l'oubrier e donnât al paubre... Era,

       Oh Pau ! era d'aquels, toun fraire definat !
       A partit, lou premier, couma s'era l'ainat ;
       E del mentre qu'aici per nous aco malboura,
       Uh se repausa abaura, amoun-aut, davans houra !

       Qu'esta ben, toun Enric, dins sa maijon del cial !
       Nostre Paire coumun l'avia per servicial ;
       L'a per ange d'hueinan dins l'etema patria ;
       E sa maire d'hueinan sera Senta Maria !

       Abtan, soun autra maire a finit de jauvir :
       A finit de lou veire! A finit de l'auvirl...
       L'Ënric es mort un cop ; mas ela, malourousa,
       Mourira chade journ, la maire doulourousa!

       E tu, Pau, que toun frai laissa pel Paradis,
       As razon de purar... Adi, lous bicadis !
       Adi, lousjuegs d'efaas entre fraires qui s'amon!
       Adi, lous grans espers, que lous parens enflamon !..



   La seule différence est d'être vide ou chargé d'oeuvres ; d'avoir fait son devoir,
 suivi la loi ; d'avoir pris en douceur le tracas de la terre ; d'avoir payé l'ouvrier
et donné au pauvre... Il était,
   0 Paul, il était de ceux-là, ton frère trépassé ! Il est parti le premier comme s'il
était l'aîné; et, pendant qu'ici l'épreuve nous agite, nous autres,— lui se repose à
présent, là-haut, avant son heure!
   Qu'il se trouve bien, ton Henri, dans sa maison du ciel! Notre père commun l'avait
pour serviteur; il Ta pour ange désormais dans la patrie éternelle; et sa mère désor-
mais sera sainte Marie !
   Pourtant son autre mère a fini de jouir; elle a fini de le voir, elle a fini de l'en-
tendre! Henri est mort une fois, mais elle infortunée, elle mourra chaque jour, la
mère douloureuse !
   Et toi, Paul, que ton frère laisse pour le paradis, tu as raison de pleurer... Adieu
les baisers! Adieu, les jeux d'enfants enlre frères qui s'aiment! Adieu, les grands
espoirs que les parents enflamment!...