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         HUMBLE ESSAI DE P H O N É T I Q U E LYONNAISE                       145




   Je dois, avant de commencer, un témoignage tout particulier de
reconnaissance à M. Ernest Langlois, membre de notre École fran-
çaise de Rome. Les conseils de M. Langlois m'ont aidé à classer et
à coordonner des matériaux un peu confus et épars, à écarter des
points douteux, à rectifier des erreurs, à suivre un plan correct. Si
je n-'ai pas toujours mis en pratique jusqu'au bout ses excellents
avis, qui m'auraient fait donner à mon étude une forme plus clas-
sique et plus acceptable de la science officielle, c'est la faute d'une
certaine indocilité de caractère, d'un certain manque de gravité
que je porterai jusqu'au tombeau, et qui me poussent souvent au
caprice. Allez donc enseigner à un Bachi-Bozouk de l'Anatolie la
charge en douze temps et j'ai oublié combien de mouvements! Allez
donc enseigner à un né natif du Gourguillon à parler la langue de
M. Villemain!

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   La phonétique est la partie de la grammaire comparée qui traite
des sons, des lettres et de leurs permutations. La phonétique lyon-
naise (rigoureusement l'on devrait dire la phonologie \ mais le mot
de phonétique est admis par l'usage), la phonétique lyonnaise sera
donc l'étude des transformations que les sons et les articulations ont
subies dans leur passage de la langue mère au patois moderne.
   Je ferais injure à mes lecteurs si je supposais qu'ils ignorent que
le patois lyonnais est sorti du latin, non pas du latin classique, mais
du latin populaire. C'est là un fait accepté pour tous les dialectes
romans par quiconque a la moindre teinture de grammaire com-
parée. Je ne répondrais pas, cependant, qu'il ne se rencontrât
quelque bon vieil amoureux du celtique pour le contester. Il n'y a
guère.d'années que M. de Cassagnac, qui traitait la philologie à peu
près de même façon que l'histoire, publiait un ouvrage intitulé :
Antiquité des patois. Antériorité de la langue française sur

 i C'est le nom qu'a employé M. J. Cornu dans son étude du patois bagnard.