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330 LA REVUE LYONNAISE cevait, ayant pris fin, il ne pouvait désormais compter que sur son travail. Vaillamment il sculpta une nouvelle statue. Elle re- présente une femme assise : La Béatitude. C'est l'antithèse du Remords. Cette remarquable figure qui parut au Salon de 1869, a été généreusement offerte par l'auteur, après la guerre, à la Société de secours aux blessés. Dès le mois de juin de cette année 18d9, le courage et l'énergie de l'artiste furent mis à une rude épreuve. Il était sans travail, sans ressources et il venait d'avoir un enfant. Il partit alors pour le Midi. Là , il obtint la commande d'un petit frontonpour le Château - d'eau de Tarascon ; il prépara les portraits des Félibres : Mistral, Roumanille, Aubanelet Roumieux et il fit, au compte de l'Etat le buste en marbre de Bailly pour l'Institut. Le buste du premier maire de Paris, ancien président de l'Assemblée Constituante, fut exposé au Salon de 1870. Jusqu'alors cependant, malgré des déceptions pénibles, Amy semblen'avoir recula visite que des songesheureux. Maisla guerre éclate; la période des angoisses et des déboires commence pour lui. Elle s'est prolongée, hélas! trop longtemps, pendant les plus belles années de la vie. En 1872, il taille dans un médaillon en marbre de Carrare, le portrait grandeur na'ure de Frédéric Mistral. Ce portrait qui fut signalé avec de grands éloges par les critiques d'art, par Armand de Pontmartin et par Théodore de Banville, fut exposé au Salon avec un buste en marbre de jeune fille : l'Innocence, allégorie d'un sentiment si suave qu'elle rend vraisemblables à l'imagina- tion du contemplateur les plus fraîches, les plus douces et les plus pures visions des poètes. Voici l'harmonieux sonnet que cette ravissante figure inspira à un écrivain du plus rare talent, M. Au- guste Baluffe, alors rédacteur du journal l'Hérault et depuis chro- niqueur et critique d'art des mieux appréciés de la grande presse parisienne.