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                       LE SALON LYONNAIS                            225

 son amant assassiné, dona Bianca, froide et farouche dans sa
 douleur complexe, semble se demander ce qu'elle regrette le plus
 de l'homme qui l'aimait ou du prince qui l'avait élevée jusqu'à
 lui. La solitude s'est faite autour du mort, et la proscription va
 s'étendre sur tous ceux qui furent ses amis.
    Sous la voûte sombre et basse d'un cachot, sur un grabat sordide,
 est couchée, en pleine lumière, une jeune femme blanche aux che-
 veux roux. De lourdes chaînes, scellées dans la pierre des murs,
 lient à des anneaux de fer ses pieds délicats. Couvert de loques noires
 le corps est rigide. L'orage de Ja crise a passé, fureur ou folie,
 épuisée d'efforts, la folle ou la criminelle est domptée. La tète pend
 à un angle du matelas sordide, et le masque de la Nihiliste con-
 serve un rictus étrange qui jette sur ce visage décomposé par la
 souffrance un sourire de damné. Certes, l'impression est pénible
 devant cette toile de M. MERWART (373). Mais il y a là un grand
 talent, une admirable entente de la couleur et de l'effet, dans cette
œuvre d'un réalisme poignant, où la jeunesse et la beauté sont ter-
rassées par la bête humaine.
    M. VANDEROUDERAA, avec la perfection ordinaire d'un pinceau
sûr de lui-même, nous montre une jeune veuve, les yeux brûlés par
les larmes, tenant parla main une petite fille, apportant son der-
nier bijou au vieux marchand juif qui lui donnera un peu d'or en
retour.
    L'usurier regarde avec une attention méticuleuse le précieux
joj'au, absolument indifférent à la douleur résignée de la jeune
femme, au regard douloureusement interrogateur de l'enfant, qui
comprend à demi l'angoisse maternelle. Les costumes, les acces-
soires, les personnages sont traités avec un soin consciencieux e
une incontestable habileté.
    Comment un tel artiste a-t-il pu signer son autre toile, la Gamine
(573), informe poupée qui tient gauchement un bouquet sur une
table plus haute qu'elle?
  VAtelier   de M. DAVID GIRIN (244) avait été discrètement placé
à une bonne hauteur. Des détails habilement peints, ne suffisent
pas pour défendre cette oeuvre des défauts saillants qu'elle p r é -
sente. Ces messieurs, sont tous frères ou cousins germains; un air
de famille est répandu sur cette vaste toile. On devine que les cri-