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                   UN S C U L P T E U R F É L I B R E             343
   En 1881, Amy reproduit encore, dans un grand médaillon de
bronze, le noble profil de Mistral qu'il entoure de brins de lauriers,
d'oliviers, de grenades entr'ouvertes, de fleurs et de fruits du Midi,
chers souvenirs du paj's natal, si pittoresques, si gracieux, si
naturellement artistiques !
    Enfin, signalons, en 1882, une statue de Vien qui a été repro-
duite pas l'Artiste et qui décore la façade du musée de Montpellier
et, en 1883, la Tarasque, bas-relief en bronze argenté, et nous
aurons épuisé la liste des envois au Salon annuel des Champs-
Elysées. Lors du grand concours, ouvert par la ville de Paris
pour élever le gigantesque monument de la place de la République,
Amy obtint une mention. On n'a pas oublié que ce concours attira
de nombreux artistes d'élite et donna lieu à de très remarquables
et très importants projets.
    A ces travaux, il convient d'ajouter un buste eu marbre à'Ulpien
pour la Cour de Cassation, une statue de l'historien de Thou, pour
la façade du nouvel hôtel de ville de Paris, un buste en marbre
de Cuvier pour le Muséum du Jardin des Plantes, plusieurs bustes
de Mireille, un médaillon de Jasmin et un grand nombre de
terres cuites, disséminées un peu partout, chez des amis, chez
des marchands et chez des amateurs. Dans cette nomenclature
rapide, nous devons pourtant nous arrêter et admirer une déli-
cieuse fantaisie d'artiste philosophe : La Comédie humaine. Deux
têtes d'enfants émergent d'une même tige; l'un s'épanouit aux
 rayons carressants de la joie et rit d'un rire espiègle et doux;
l'autre, comme une fleur accablée par l'ondée pénétrante, laisse
échapper les pleurs de l'affliction sur la plus morose et la plus
adorable de toutes les moues. Entre les deux bébés, au-dessous,
 se penche le masque de la Comédie, prête sans doute à couvrir de
 tristesse la figure riante et de gaieté la figure en larmes.
    C'est à propos de cette gracieuse composition qu'un marchand
 de la Cité, à Londres, se permit de remplacer sur le marbre la
 signature d'Amy par la signature de Carpeaux, de sorte qu'Amy
 pouvait passer, un jour, pour s'être approprié l'œuvre de Car-
 peaux. Non seulement, le marchand lui dérobait le bénéfice de
 son travail, mais il risquait encore de porter atteinte à son hono-
 rabilité. Les artistes ne sont point armés contre de tels abus. Il