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450                  LA REVUE LYONNAISE
envoyés à Cologne par Jean-Bernard avec les autres richesses de
l'abbaye.Ce qu'il y a de plus probable, c'est qu'ils furent enlevés
parles Hessois, portés à Cassel.puis dispersés dansun grand nom-
bre de bibliothèques. Il serait intéressant de rechercher où ils se
trouvent aujourd'hui.
   Peu de temps après l'occupation hessoise, au mois de février
1632, la reine de Suède, Marie-Eléonore de Brandebourg, se ren-
dant auprèsde Gustave-Adolphe, qui se trouvait alors à Francfort-
sur-le-Mein, voulut passer par Fulda. Elle visita d'abord le col-
lège des jésuites. Accompagnée de douze hallebardiers, elle entra
dans la chapelle et y entonna des chants luthériens. Comme elle
arrivait au réfectoire, un jésuite dut lui offrir une coupe pleine de
vin. Elle lui ordonna de la vider à la santé du roi, ce qu'il fit de
bonne grâce. Du collège des jésuites, la reine se rendit à l'église
de l'abbaye ; elle en essaya également l'acoustique en chantant ua
air luthérien. Après avoir visité, en outre, l'hôpital et le couvent
des bénédictins, elle rentra au château. Au dîner, auquel assis-
tèrent Sclrwalbach, doyen de l'abbaye, et deux chanoines, Neuhof
et Calenberg, la reine, quoique femme, dit le chroniqueur, amena
la conversation sur le célibat des prêtres. Comme elle soutenait que
 vivre dans la continence était chose impossible, le doyen Sclrwal-
 bach, prenant la parole, lui demanda depuis combien de temps Sa
Majesté vivait séparée du roi. —Depuis deux ans, répondit-elle.
 — Mais, reprit le doyen, Sa Majesté n'a-t-elle pas cru devoir, pen-
 dant ce temps, vivre dans la continence ? — Certainement, répon-
 dit-elle. — Eh bien alors, dit Schwalbach, Sa Majesté pourrait
 sans doute garder la continence encore plus longtemps.— Sur-
prise par cette conclusion aussi juste qu'inattendue, la reine garda
 le silence.
    Lelandgrave de Hesse-Cassel avait envoyé le docteur Antrecht
 à Fulda, pour recevoir l'hommage des habitants et établir le protes-
tantisme dans les états de l'abbé. Il n'était resté que quelques
jésuites au collège. Ils s'en tirèrent, dans les premiers temps de
l'occupation hessoise, en défendant leurs droits pied à pied, et
 surtout en payant deux cents thalers. Mais leur présence à Fulda
 ne pouvait s'accorder avec le dessein qu'avait le landgrave d'y
 introduire le protestantisme. Le 20 février, le docteur Antrecht se