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                     UN LYONNAIS : FRÉMONT                                 581 -,
rend à Santa-Fé, achète, dans cette capitale du Nouveau-Mexique,
des mules, des munitions, réunit encore une trentaine d'hommes,
et de nouveau se dirige vers les âpres régions à travers lesquelles
il a résolu de s'ouvrir un passage. Éclairé par les terribles essais
qu'il venait de faire, il chercha sa route d'un autre côté. Il réussit
à éviter les farouches peuplades d'Indiens, ou à se concilier par
d'amicales démonstrations ceux qu'il rencontrait. Enfin, après de
longs efforts, il atteint son but; il arrive sur les bords du Sacra-
mento, et l'on peut dire, selon l'expression d'un de ses biographes,
qu'il a ouvert les portes d'or du nouvel El Dorado, car il est par-
venu à signaler aux Américains, à travers les plaines stériles et
des interstices de montagnes, le chemin de la Californie.
   A ce premier voyage dans cette province, dont on n'avait pas
encore découvert les trésors, il avait acheté là un vaste domaine,
dans lequel plus tard il a trouvé des mines splendides. Il a été l'un
des fondateurs de la constitution de ce pays, et l'un de ses premiers
délégués au congrès de Washington.
   En 1856, l'illustre fils de notre émigré lyonnais fut adopté par
un parti nombreux, comme candidat à la présidence de la répu-
blique des Etats-Unis, en concurrence avec M. Buchanan, et il
échoua dans cette candidature. Une des objections que ses adver-
saires opposaient à son élection, c'est que l'intrépide descubrador
de tant de contrées immenses était catholique, et marié avec
M"e Benton par un prêtre catholique.
   C'est ainsi que le mob américain, qui se proclame l'apôtre de
toutes les libertés, entend la liberté de conscience.


                                       XAVIER       MARMIER.
                                           De l'Académie française.




    JUIN 1884. — T. Vit.                                              31