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              LE CENTENAIRE DE MONTGOLFIER                         565
   La matinée du jour suivant fut occupée par une séance publique
de la société de gymnastique d'Annonay, et une ascension faite
par le doyen des aéronautes, M. Beudet, perché sur un trapèze.
   A deux heures, le cortège officiel composé des autorités dépar-
tementales et locales, des délégués de l'Institut, des membres de la
commission, de plusieurs sénateurs et députés, enfin des descen-
dants des frères Montgolfier, dont plusieurs portent ce nom illus-
tre dont ils sont justement fiers. L'un d'eux fut sénateur, un autre
est colonel, la plupart tiennent un rang distingué dans l'industrie,
le commerce ou l'agriculture.
    Le maire d'Annonay, M. Kramer, et M. Seguin, président delà
commission du monument Montgolfier, ont adressé des remercie-
ments aux personnes qui s'étaient rendues à leurs invitations.
MM. le colonel Perrier, Dupuy de Lôme, Tisserand, le colonel
Laussédat, au nom du Conservatoire des arts et métiers qu'il di-
rige, à la tête duquel le Premier Consul plaça jadis Joseph Mont-
golfier, M. Marsoulan, délégué du conseil municipal de Paris, et
M. Albert Tissandier, ont successivement pris la parole et glori-
fié les illustres inventeurs des ballons et la science aérostatique.
    A trois heures, le voile recouvrant le groupe sculptural tombe,
une longue acclamation retentit dans la foule, les applaudissements
éclatent, les chapeaux, les ombrelles s'agitent en l'air ; on croit
assister de nouveau au départ de la montgolfière des Brotteaux.
    Un soleil admirable illumine le groupe de bronze et la foule ba-
 riolée ; partout des drapeaux aux fenêtres, et vingt fois répétée la
 fameuse devise dont l'Académie des sciences décora Montgolfier
 en le recevant dans son sein : Sic ilur ad astra.
    11 y a eu aussi un déluge discret de poésies de circonstances, la
 plupart dues à un jeune poète d'Annonay, M. Henri Bonnel. On a
 cité avec éloges le passage suivant ; il mérite d'être reproduit :

      Cent ans, — et de vos mains dégageant un front Même ;
      Cent ans — et souriant de vos yeux fatigués
      Vous vous sériiez la main; vous teniez le problème
      Contre qui jusqu'alors étaient toujours ligués
      L'aquillon, qui reprend la barque à son amarre,
      Casse l'arbre géant, découvre la maison;
      Puis le soleil jaloux qui fond l'aile d'Icare
      Et brise sur le roe l'imprudent champion.
    JUIN 1884. — T. VII.                                      36