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ASCENSION DU BALLON LE « GUSTAVE » 553 propriété de M. Tabareau, appelée plus tard la Volontaire, qui longe pendant environ 400 mètres, la montée de Balmont, section de la route de Paris par la Bourgogne, ouverte en 1777. M. René Tabareau, directeur des postes et des loteries du gouvernement à Lyon, était parti pour l'archevêché, où il devait assister à un sou- per donné en l'honneur du roi de Suède. Dans sa chute la montgolfière frappa rudement la terre, et la pauvre Mrae Tible, projetée sur le sol avec son compagnon, se frac- tura ou se foula la cheville. Heureusement pour elle, les paysans du coteau de Balmont avaient tous le nez en l'air, suivant des yeux le ballon1. Ils vinrent au secours des aeronautes presque au même instant où le globe s'abaissa sur le sol. On courut chercher du secours à la maison Tabareau; ondégaeea la voyageuse, on la pansa, puis l'enthousiasme allant croissant, à défaut du carrosse de M. le Direc- teur des postes qui l'avait conduit en ville, on se mit en devoir de l'asseoir sur un des fauteuils de la maison ainsi que Fleurant. On les porta. ainsi en triomphe de Balmont à Vaise, puis de Vaise à l'archevêché, à la lueur des torches et au milieu des hourras de la foule où se recrutaient sans cesse les porteurs bénévoles des cou- rageux aeronautes. De l'archevêché, la foule enthousiaste conduisit à la Comédie, Fleurant et Mme Tible, toujours perchés sur leurs fauteuils. Sa Majesté rit beaucoup de leur entrée et du couronnement dont fut l'objet la vaillante lyonnaise. On lui prodigua guirlandes et cou- ronnes, et l'on revint en masse à l'archevêché où M. Tabareau, reconnaissant les fauteuils de son salon transformés en pavois de triomphe, apprit ainsi l'honneur inattendu qu'avait eu sa campagne de Balmont de donner asile au ballon. Le souper, pendant lequel se fit entendre la musique militaire, fut splendide. La nouvelle terrasse de l'archevêché était convertie en un portique brillamment illuminé, au fond duquel on admira un transparent allégorique. Les hauts personnages de la ville conviés au souper de l'archevêque applaudirent au dessert des couplets de circonstance, complimentèrent les aeronautes, et il n'est resté de 1 « Les paysans couraient après nous, dit l'aéronaute Charles (ascension de la Muette), comme des enfants qui courent après des papillons dans la prairie. »