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552                       LA R E V U E     LYONNAISE

à cet aérostat, le mouchoir blanc que M. le comte de Laurencin
qui présidoit à l'expérience, avoit noué autour de son bras gauche,
de même que tous les ouvriers, faisant ainsi allusion à la révolution
de Suède, les médailles aux armes de France et de Suède que les
travailleurs portaient à la boutonnière, tout fut remarqué par M. le
comte de Haga, qui en témoigna sa sensibilité. Il remarqua que les
dames avoient quitté par discrétion une galerie qu'on lui avoit
préparée ; il les fit prier d'y revenir. Quand l'aérostat fut en équi-
libre et prêt à partir, on le fit approcher du côté du prince comme
pour lui rendre hommage. Deux voyageurs étoient dans la galerie,
M. Fleurant et Mme Tible \ »
   Le roi se fit attendre et n'arriva que vers les six heures. Il s'arrêta
un moment sur le pont Morand et fut frappé du merveilleux coup
d'œil que présentent la ville et le fleuve.
   L'aérostat fut lancé à six heures et demie, s'éleva à une grande
hauteur, resta en l'air environ quarante-cinq minutes, pendant
lesquelles le prince ne le perdit pas de vue 2 .
    Après avoir franchi le Rhône et la Saône, la montgolfière alla
 tomber dans le haut du clos de la Piétnente, actuellement divisé
 en trois héritages, tout près d'un pavillon sur l'emplacement duquel
 fut bâtie depuis la maison 011at,sur le plateau où s'élèvent aujour-
 d'hui les remparts du fort de la Duchère. Ce clos, ancien fief des
 Pournas au seizième siècle, était alors une vaste dépendance de la


  1
     Journal de Lyon, année 1784, p. 190.
  2
     « Départ de la Montgolfière La Gustave, lancée à Lyon le -i juin'1784, en pré-
sence de S. M. le roi de Suède, construite par M. Fleurant, sous la direction de
M. le comte de Laurencin, et montée par M. Fleurant et M*" Tible ; grande estampe
dessinée et gravée par Ch. Boily, et dédiée au roi de Suède. A Lyon, chez l'auteur
rue Tupin, maison Gbarlet, prix : 3 livres.
  « Cette estampe, qui vient d'être terminée et mise en vente, rappelle à la fois l'épo-
que intéressante du passage à Lyon de l'un des plus grands souverains de l'Europe,
et l'une des expériences aérostatiques qui ont le mieux réussi. Le dessin est ingé-
nieux et fidèle, et la gravure d'un effet très agréable ; le roi de Suède en a accepté
la dédicace. Il est flatteur pour notre ville de posséder un artiste d'un mérite aussi
distingué que M. Boily. Choisi pour graver le frontispice de l'Encyclopédie, par
ordre des matières, qui s'imprime à Paris, il a déjà donné plus d'une preuve de ses
talents. Il annonce aujourd'hui que son intention est de borner à un petit nombre
d'épreuves le tirage de la Montgolfière la Gustave, de faire ensuite dorer la planche
et d'en faire hommage à l'Académie des sciences, belles-lettres et arts, eu la dépo-
sant dans ses cabinets. » Journal de Lyon, seconde année, 1785, p. 128.