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            A S C E N S I O N DU B A L L O N L E « G U S ; T A V B »              551

que de me soupçonner d'avoir eu pour objet une spéculation pécu-
niaire. L'espoir de concourir en quelque chose à la perfection
d'une découverte qui immortalisera ses auteurs, est le vrai, le seul
motif qui m'a déterminé. Mais je suis peintre. A voir les rigueurs
de la Fortune pour les gens de mon état, on croirait que la déesse
veut les punir de son bandeau, je n'ose dire en justifier l'attribut. »
   Il fait suivre ces déclarations d'un appel suppliant à de nouveaux
souscripteurs à six livres par personne, moyennant quoi deux
dames pourraient être amenées par chaque souscripteur dans l'en-
ceinte où l'expérience était annoncée pour le 12 mai 1784. Le café
d'André Casati, place du Grand-Collège, était le lieu désigné pour
l'inscription des souscripteurs.
   Il est à croire que ceux-ci ne se pressèrent pas beaucoup, car ce
n'est qu'au commencement de juin que Fleurant put opérer sou
ascension.
   Le départ de l'aérostat fût fixé au vendredi soir. Mais comme
on n'attendait pas aussitôt l'illustre voyageur, les préparatifs
étaient très peu avancés. Les constructeurs découragés allaient
tout abandonner, quand une femme, digne d'être à jamais célèbre
pour avoir osé, la première de son sexe, affronter les périls d'un
voyage aérien \ sût relever leur ardeur avec tant de verve et
d'entrain, qu'ils se remirent à l'œuvre et en une nuit terminèrent
tant bien que mal la montgolfière. Elle fut dressée dans une vaste
enceinte attenante aux deux pavillons de la maison d'Antonio
Spréafico dont nous avons déjà parlé.
   Il faisait un temps superbe, l'enceinte était garnie de dames
assises sur trois rangs.
   « A six heures moins un quart, M. le comte de Haga, se rendit
aux Brotteaux; la foule immense des citoyens qui l'attendoient
formoit un spectacle des plus brillans.
    « Tout étoit disposé pour le départ de l'aérostat de M. Fleurant.
Le prince qui n'avoit point encore vu d'expérience de ce genre, en
examina attentivement les préparatifs. Le nom de Gustave donné


  * Getle courageuse lyonnaise était M™ Tible, femme d'un industriel, fabricant et
montreur d'objets en cire. Fleurant, son compagnon, était un artiste lyonnais, peintre
de genre d'un talent honnête.