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mots avec le ton du regret; grande leçon pour ces êtres vains,
qui, voyant les places les plus élevées d'un œil d'envie, croient
qu'on ne trouve le bonheur que dans le faste et le luxe. * »
   Gustave III garda même si bien l'incognito qu'il arriva le pre-
mier, en avant de sa modeste suite, à l'hôtel, et ne fut reconnu que
par l'indiscrétion d'un de ses gens. « On eût le soin de demander
ses ordres pour le spectacle du lendemain, et on lai proposa Gus-
tave qu'il rejeta, comme trop éloigné de la vérité de l'Histoire;
il demanda Warwich et l'Amant jaloux. Vendredi A, ce prince
-vit les manufactures, la bibliothèque du Grand-Collège, l'église
de Saint-Jean, les travaux Perrache, etc. 2 »
    Fleurant avait fait une première expérience qui avait échoué. Il
avait compté sur une force ascensionnelle de cinq livres par cent
pieds cubes d'air chauffé, et dut reconnaître qu'il s'était trompé de
moitié. La nouvelle machine qu'il se proposait défaire monter dans
l'espace devait avoir 71 pieds de hauteur sur 58 pieds de diamètre
horizontal, et contenir plus de 112.000 pieds cubes d'air. Il avait
inventé un combustible particulier et une forme de réchaud qui •
devait faire monter la flamme verticalement. Enfin un système de
 rames, de l'invention de M. de Lasalle, chevalier de Saint-Michel,
 devait permettre à la machine de se diriger dans les airs.
    Le comte de Laurencin, l'ami et l'émule de Joseph de Montgol-
fier, avait aidé l'artiste de ses conseils et de sa bourse; une sous-
cription avait été ouverte en faveur de Fleurant, sous les auspices
 de l'académicien lyonnais, mais les fonds restaient insuffisants.
    Dans son Avis, sorte de prospectus, Fleurant adjure le public
 de l'aider. « Un procédé, dont la gloire rejaillira sur la nation, ne
recevra-t-il point d'encouragement de ceux de nos concitoyens qui
peuvent contribuer à de tels projets, et le magnifique enthousiasme
 qui tournait toutes les têtes au mois de janvier, s'est-il éteint si
 vite qu'il ne reste plus aujourd'hui que le souvenir de son exis-
 tence ? »
      « Ce serait rendre peu de justice à mes sentiments, continue-t-il,

  1
    Journal de Lyon, année 1784, p. 190.
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    « M. de la Harpe, auteur de cette tragédie, a eu l'honneur d'être depuis plu-
sieurs années correspondant du roi de Suède. » Ibid.