Pour une meilleure navigation sur le site, activez javascript.
page suivante »
458                   LA REVUE LYONNAISE
Ions, des peinturés de grands maîtres, etc. A côté d'une des princi-
pales portes d'entrée, on montre laGueule de lion qui servait d'ou-
verture à une boîte à lettres dans laquelle les Vénitiens pouvaient
porter les dénonciations. Visitons encore la salle des Quatre
Portes, la salle du Sénat, qui était composé d'environ huit cents
membres, appelés à délibérer sur le revenu public et les affaires
commerciales; Y Antiahiesetta où le doge avec le conseil assistait,
chaque jour, à la messe ; la salle del Collegio ou de réunion, où le
doge se tenait avec ses conseillers, donnait audience aux ambas-
sadeurs, etc. Voyez le siège du doge avec ses coussins affaissés
comme s'il venait à peine de les quitter ; de chaque côté, les stalles
des sénateurs. Le gardien, qui nous accompagnait et qui parlait
fort bien en français, racontait l'histoire de toutes ces merveilles
avec un certain esprit et de l'érudition. Comme je lui faisais
remarquer que j'admirais l'état de conservation, l'ordre de chaque
objet. Il ne manque rien; dit-il, sauf         les personnes de ce
temps-là.
   Il ne reste plus, avant de quitter le Palais Ducal, que de pas-
ser sous les toits et visiter les Plombs (Piombi). C'est ainsi qu'on
nomme quelques petites chambres en planches, mansardées, prati-
quées dans les greniers et dans lesquelles on enfermait les plus
grands criminels. Pour vingt centimes, on a droit d'entrer dans les
Puits (Pozzi) accompagné par un gardien. J'ai vu ces terribles
puits. Ce sont des prisons basses, divisées en deux étages, situées
au rezrde-chaussée, entre les salles du vivier et l'accès aux quais
de débarquement du palais. Quelle terreur devaient éprouver les
malheureux enfouis par un pouvoir implacable sous ces murailles
épaisses, dans ces terribles cachots! Là, j'ai visité la prison où
fut enfermé le doge Marino Faliero. Ces prisons ou puits con-
sistent en quelques petites chambres, en pierre de taille, revêtues
de grosses planches de sapin, éclairées par une toute petite fenêtre
donnant sur le corridor. Quand je parcourais ces prisons, dignes
des inquisiteurs de Venise, j'étais glacé d'effroi           Repré-
sentons-nous le moment solennel pendant lequel on sortait de ces
puits lemalheureux condamné. La petite porte à fleur d'eau, placée
sous ce pont des Soupirs, s'ouvraittout d'un coup. Il était couvert
d'un linceul. La grosse barque qui le portait et ses rameurs