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452 ' LA R E V U E LYONNAISE landgrave parles bourgeois ; quatre jours après, ce fut le tour des paysans. Le landgrave commença par déclarer qu'il ne voulait pas con- traindre les catholiques à changer de religion, mais qu'ils devaient assister aux prédications protestantes. Elles devaient avoir lieu dans l'église paroissiale. Les autorités de la ville répondirent que les bourgeois avaient bâti cette église, et demandèrent qu'on n'y prêchât pas contre la religion catholique, car le colonel Uslar, lors de son entrée, leur avait promis de ]a respecter. Les corporations confirmèrent la protestation des autorités ; on n'en tint aucun compte. Le 13 février, un ministre luthérien prêcha dans l'église paroissiale, et, quelques mois après, le curé catholique, Martin, en fut expulsé. L'église de l'abbaye fut égale- ment livrée à un ministre, qui en enleva tous les objets du culte : croix, chandeliers, ornements des autels. Les persécutions sont de tous les temps, et l'histoire, qui les raconte et les désapprouve, n'en empêche pas le retour. Les jésuites avaient été les premiers expulsés. Les autres reli- gieux le furent bientôt après. Les franciscains furent chassés de Frauenberg ; les bénédictins, du couvent que l'abbé Jean-Bernard leur avait fait construire. Le doyen Schwalbach et les chanoines Neuhof et Calenberg n'a- vaient pas adopté la réforme de l'abbé. C'étaient ces trois dignitai- res que nous avons vu dîner avec la reine de Suède, et dont l'un, le doyen Schwalbach, avait soutenu la singulière conversation quel'on a rapportée. L'abbé réformateur les avait laissés en possession de leurs bénéfices, malgré leur résistance; le landgrave, malgré leur soumission, les en dépouilla pour les livrer à une créature du roi de Suède, le docteur Wolf. Le tour du clergé séculier vint ensuite ; le clergé protestant resta seul, etWilhelm, qui avait reçu en partage la chapelle des jésuites, profita des ressources que lui procurait sa nouvelle posi- tion pour se marier. L'abbé de Fulda, Jean -Bernard, s'était retiré, d'abord à Cologne* puis à Vienne; il se rendit enfin auprès de Tilly, qu'il accompagna dans ses expéditions, s'efforçant de ranimer la foi et le courage des soldats. Un portrait, fait l'année même de sa mort, le représente