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UN R É F O R M A T E U R AU I H X - S K P T T B M E S I E C L E 441 d'abord averti ; s'il persistait, il était puni de l'amende et de la prison. Bien que le protestantisme eût fait peu de progrès dans les états de Fulda, des ministres luthériens j^ occupaient un certainnombre de cures. L'abbé leur ordonna de quitter le pays, et les remplaça, soit par des prêtres séculiers, soit par des religieux. Il favorisa aussi, autant qu'il le put, le collège que les jésuites avaient fondé i. Aucune réforme ne pouvait être solide et définitive, si elle ne s'étendait pas à l'abbaye elle-même. L'abbé, prévoyant qu'il ne pourrait l'accomplir sansrencontrer de graves obstacles, consulta, avant de la commencer, le pape Urbain VIII et l'empereur Ferdi- nand IL Tous deux l'engagèrent à l'entreprendre, et l'Empereur lui promit son appui. L'abbé crut devoir user d'abord de douceur et essayer de déterminer les religieux à se réformer d'eux-mêmes. Il leur communiqua ses desseins et les pria de lui faire connaître leurs intentions ; il n'en obtint pas de réponse et se décida à agir seul. Ne pouvant compter sur les moines de Fulda, il résolut d'en appeler du couvent de Saint-Gall, que l'abbé Bernard II venait de réformer. Bernard de Saint-Gall, avant de rien entreprendre, envoya quelques religieux pour recueillir des renseignements. Les bénédictins de Fulda se divisaient en deux ordres : les nobles, qui seuls pouvaient occuper les charges et élire l'abbé, et les bour- geois. Les religieux de Saint-Gall. pensèrent que le principal obs- tacle à la réforme viendrait de cette division. Ils demandèrent, en conséquence, à l'abbé de la faire disparaître ; mais il était à craindre que les nobles refusassent de renoncer à leurs privilèges, et fussent soutenus dans leur résistance par les petits souverains voisins. Ceux-ci voyaient, en effet, dans les charges de l'abbaye, comme des fiefs viagers destinés à leurs cadets de famille ; et c'eût été y renoncer en partie que d'y admettre la bourgeoisie. Jean- Bernard crut devoir ne pas soulever la question ; il s'engagea seule- ment à faire disparaître peu à peu les différences qui existaient entre les deux ordres. Les autres conditions étant acceptées, l'abbé de Fulda se rendit lui-même secrètement à Saint-Gall, en septembre 1626 2, et en ramena sept moines et dix novices. i Urbain VIII approuva cette fondation en 1628. s II poussa même jusqu'à Einsiedeln.