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442                         LA R E V U E     LYONNAISE

   Le 5, novembre, le prince-abbé arriva avec son essaim de reli-
gieux. Les moines furent reçus en grande solennité. Leur première
visite fut pour l'église de l'abbaye. Le prince-abbé célébra lui-
même lagrand'messe, et remit aux nouveaux arrivants les clefs de
l'église et de la sacristie. Les offices, depuis longtemps délaissés,
furent rétablis. Les nouveaux moines prêchèrent tous les diman-
ches devant un nombreux auditoire, et firent des processions
solennelles.
    On n'en était qu'au début. Jean-Bernard désirait surtout réfor-
mer les anciens religieux, car tout dépendait de leur exemple. Ses
 succès furent médiocres. Parmi les bénédictins nobles, trois seule-
 ment adoptèrent la réforme. Les autres, le doyen Melching à leur
 tête, ne s'y opposèrent pas ; ils l'approuvèrent même pour les
 bourgeois, mais ce fut à la condition qu'on ne les obligerait pas à
 l'admettre pour eux-mêmes, et qu'elle ne diminuerait en rien leurs
 privilèges. Prenant leurs mesures d'avance, ils protestèrent par-
 devant notaire et prièrent le landgrave de Hesse-Cassel d'inter-
 venir en leur faveur.
     Ce fut alors que l'abbé, se comparant au médecin qui impose au
  malade le remède qu'il refuse et qui doit le guérir, prit la résolution
  d'user des rigueurs ecclésiastiques. Avant de les employer, il
  consulta encore le Pape, et, sur sa demande, Urbain VIII chargea
  son légat dans les pays des bords du Rhin, l'évêque de Tricario,
  Pierre-Louis Carafa, qui résidait alors à Liège, de faire la visite
  de l'abbaye.
     Le 17 juin 1627, le légat partit de Liège. L'itinéraire qu'il sui-
  vit nous fait connaître quelques-unes des routes de son temps. La
  navigation des rivières avait alors une importance plus grande
  qu'aujourd'hui. IL descendit d'abord la Meuse jusqu'à l'abbaye de
  Visé, traversa ensuite Juliers, Bergheim, Cologne ; vit à Bonn
  l'archevêque-électeur de Cologne, frère de Maximilien, duc et
  électeurde Bavière1, ainsi que l'évêque d'Osnabrùck, Jean-Fran-
  çois, comte de Wartenberg. De Bonn, il se rendit à Andernach, et
  delà, remontant le Rhin en barque, il arriva en trois jours à
  Mayence.Le 29 juin, il se trouvait à Francfort. 11 s'embarqua sur

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          Le doyen delà c.ithédrale de Cologne était alors François de Lorraine.