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438                      LA R E V U E    LYONNAISE

 pays alors couvert de forêts, sans cultures et sans habitants, par
 un moine bavarois, nommé Sturm, qu'avait envoyé saint Boniface,
 elle ne tarda pas à devenir un centre de vie sociale. Des habitants
 se groupèrent autour de ses murailles pour obtenir aide et protec-
 tion ; ils construisirent une ville, et, l'influence du couvent s'éten-
 dant de proche en proche, les pays voisins finirent par former un
 état ecclésiastique ayant l'abbé à la fois pour évêque et pour sou-
 verain. Le couvent devint en même temps un foyer d'études et de
 vie intellectuelle, la lumière de la Germanie du nord, comme
 Saint-Gall l'était déjà de celle du midi1.
    L'abbaye de Fulda eut le sort de toutes les œuvres dans les-
 quelles l'homme a une part : elle subit les atteintes de la corrup-
 tion; et au dix-septième siècle, un prédicateur la comparait à la
 statue de Nabuchodonosor : sa tête, c'est-à-dire ses commence-
ments, avait été d'or ; ses pieds, sa vie, par la suite des années,
 étaient devenus d'argile. Les distinctions de rang y avaientpénétré;
les nobles seuls y parvenaient aux dignités de chanoines, de
prieurs et d'abbé ; les simples moines eux-mêmes, mariés pour la
plupart, faisaient chanter les offices à leur place par des chape-
lains à gages, et vivaient luxueusement en dehors de la commu-
 nauté.
    Ce fut à ce moment de relâchement général que survint la révo-
lution luthérienne. Elle ne fit pas néanmoins dans l'abbaye et
dans les états de Fulda de grands et rapides progrès. La petite
noblesse ou chevalerie, presque seule, l'embrassa, et ce fut pour
peu de temps. Son but avait été de s'emparer des biens d'église. Ces
biens ayant été accaparés par les princes souverains : électeurs,
ducs, margraves et landgraves, la petite noblesse, trompée dans
ses espérances, revint au catholicisme2.
    Le mouvement de réforme, qui s'opéra en Allemagne à la suite
du concile de Trente, se fit sentir à Fulda comme ailleurs. Il fut
commencé par l'abbé Balthazard de Dembach, que secondèrent les
jésuites '" ; mais le principal restaurateur de la vie religieuse

  1
    J. Zeller. Histoire d'Allemagne,!,  398.
  2
    Lemêmefait se reproduisit dans toute l'Allemagne. Voir L. Ranke : Zw   Deuts-
chen Geschichtep, p. 65,91.
  3
    II les avait appelés en 157i.