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120                       LA REVUE LYONNAISE
rent en cela de cette légion qu'une peur commune réunit aujourd'hui sous le
nom de conservateurs, il voit monter sans effroi son flot tumultueux. La démo-
cratie au pouvoir : pourquoi pas? Mais il rappellera que si elle veut être capable
de grandes choses, elle doit s'appuyer sur les grands principes de religion et de
morale sans lesquels il ne se fonde rien de stable ; il la veut appuyée sur l'Eglise,
marchant avec elle la main dans la main. Pour lui, il sera à son égard ce qu'il a
été en face des rois: aucune souveraineté ne lui est sacrée, quand elle viole les
droits de l'humanité et de la conscience. S'il flétrit, en présence de la Montagne
frémissante, les hommes sanguinaires de 93, sa voix vengeresse s'élèvera pour
flageller le potentat barbare qui a commandé les massacres de Galicie ; l'Europe
s'incline muette devant le tzar, Montalembert, le chrétien et l'homme libre, est
seul à faire entendre à une tribune les accents superbes de sa parole indignée.
Partout où il y a des opprimés, en Irlande, en Pologne, dans la Suisse catholique,
à Rome, ils sont sûrs de trouver en lui un défenseur qui mettra au service de
leur cause sa magnifique éloquence.
    Je me laisse entraîner par mon sujet, je dis ce que fut Montalembert et j'omets
de dire quelle ardeur généreuse Mgr Ricard a mis à raconter cette existence
admirable. Qu'il me pardonne de me laisser séduire, moi aussi, par le souvenir
magique du grand orateur catholique !
    La partie que Mgr Ricard a consacrée à Montalembert publiciste n'est pas la
moins intéressante. Il nous le montre, dans sa Vie de Sainte Elisabeth de
 Hongrie, débarrassant le catholicisme du reste de vieux fatras janséniste qu'il
 traînait encore après lui, le faisant voir sous son aspect véritable, profondé-
 ment humain et merveilleusement adapté aux faiblesses de notre nature ; dans
 les Moines d'Occident, écrivant l'histoire laborieuse de ces moines, de ces
 apôtres, qui furent les pionniers de la civilisation en Europe; dans ses écrits
 divers, tour à tour artiste consommé, polémiste habile, libéral toujours, et tou-
jours aussi docilement soumis à l'autorité du pontife de Rome.
    Mgr Ricard mepermettra-t-ilune bien légère critique de détail? Il me semble
 qu'il affecte trop souvent de commencer les chapitres de son volume sous une
forme dramatique qui rappelle un peu la manière des narrations qu'on fait dans
 les classes d'humanités. L'effet peut être bon quelquefois, niais il convient d'en
 user sobrement.
    Et puis il s'est glissé quelque part une métaphore tellement hardie (je me gar^
 deraibien de l'indiquer, l'auteur n'aura pas de peine à la retrouver) que je doute
 fort que Bossuet, même dans ses Sermons, se fût permis de l'employer.
    On trouvera peut-être ces observations bien mesquines ; si j'avais trouvé
 quelque chose de plus grave à critiquer, je n'eusse pas manqué de le faire : que
 ce soit donc là leur excuse.                                GH. LAVBNIE.



      LE PLAY, d'après sa Correspondance,par Cn. DERIBBE Paris.— Firmin-Didot
       et Gie, 1884. — Un vol. in-18 Jésus. Prix : 3fr. 50.

  Des lettres où sont posés et lumineusement résolus les grands problèmes sociaux,
où sont indiqués les maux dont souffre surtout notre pays, et où sont proposés les
remèdes à ces maux ; des lettres débordantes d'idées saines et généreuses, de
courage civique, de désintéressement, de dévouement aux plus saintes causes ;