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                                 FBLIBRIGE                                    401
Us estello au lum tant gant,                   Les étoiles à la lumière si divine,
                                             tes petites sœurs les étoiles, m'ont
Ti SQurreto lis estello,                     dit tes rêves d'argent, les étoiles, à
M'an di ti pantai d'argent,                  la lumière si divine, m'ont dit ce que
Lis estello au lum tant gènt                 ton cœur désire.
M'an di ço que toun cor bèlo.
E de la mar e dôu céu                          Et de la mer et du ciel sort
Sort uno inno encaterello,                   une hymne enchanteresse, et de doux
                                             murmures d'oiseaux, et de la mer et
E de dous murmur d'aucèu,
                                             du ciel s'exhale ton nom, ma belle!
E de la mar e dou céu                                  VALÈRE      BERNARD.
S'eisalo toun noum, ma bello !
                      V A L Ê R I BERNA




            LA TOUMBO                                   LA TOMBE
Dins lou silènei de la toumbo,                 Dans le silence de la tombe — le
                                             paysan dort son dernier sommeil, —
Lou paean dor soun darrié som,               sans entendre les joyeux échos —
Sènso ausi li galoi resson                   dn printemps faisant verdir les val-
Dou printems verdejant li coumbo.            lées.

Li lambrusco pleno de rin                      Les vignes sauvages couvertes de
                                             raisins—s'étendentdans la plaine brû-
L'estalouiron dins la garrigo,
                                             lée, — les insectes et les fourmis —
Li parpaiolo e li fournigo                   sur lui font leur tapage.
Sus eu fan soun chavalarin.
                                               Et le ciel bleu toujours rayonne,
E lou céu blu sémpre dardaio,                — et les jeunes gens tout en chan-
E li jouvènt tout en cantant                 tant — passent chaque matin portant
Chasque matin passon, portant                 — leurs grands sacs et leurs faux.
Si grandi biasso eme si daio.
                                               Mais le paysan n'entend plus rien;
Mai lou pacan auso plus rèn;                 — dans le sein de la terre mère — il
Din lou sen de terro maire                   est étendu comme un vieux ladre, —
                                             les membres brisés, ployant les
Es estendu coune un vèii laire,              reins :
Limènbre rout, plegantli ren :
 Torno à la vido universalo,                     Il retourne à la vie universelle, —
                                              il renaît dans les germes qui pous-
 Renais dins li germe greiant,                sent, — notre grand soleil procréant
 Noste grand souléu coungreiant               — le baise daos ses embrasements.
 Lou poutouno dins si grasalo.
                                                Et les chênes-nains aux pieds tor-
 E lis avans di pege tord,
                                              dus, — et le thym embaumé, — vont
 E li berigoulo embaimado,                    dans la tombe abandonnée — boire
 Traucant la toumbo abandouuado               la sève dans la mort.
 Bevon la sabo dins la mort.
                                                Loin de la vie qui devient lourde
 Lîuen de la vido que s'aploumbo
                                              comme du plomb, — jetant ses in-
 Gitant sis infâme resson,                    fâmes échos, — le paysan dort son
 Lou pacan dor soun darrié som :              dernier sommeil : — l'éternel repos
 L'eterne repausde la toumbo.                 de la tombe.
                         VALÈRI BER                            Paris, mars 84.