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334 LA RiïVUE LYONNAISE Au salon de 1873, Amy ne peut envoyer qu'un médaillon en bronze : le portrait de M. Thiers. Mais voici qu'un jour plus heu- reux se lève enfin. Nous touchons à une des plus importantes dates de la carrière artistique d'Amy. Un matin de juin 1873, son voisin d'atelier, un peintre, entre chez lui et lui dit, en lui montrant un fragment du Figaro dans lequel il avait enveloppé ses pinceaux : — Tenez, il y a là quelque chose qui peut vous intéresser. Lisez. Le Figaro annonçait, dans un long article, que, faisant cons- truire un hôtel rue Drouotet voulant placer, sur la façade, l'image en bronze du barbier de Séville, il mettait cette statue au con- cours. Muni des indications nécessaires, Amy tout rêveur se deman- dait comment il pourrait, en sculpture, représenter l'immortel barbier, quand une idée heureuse germa soudain dans son esprit. — Si j'allais proposer à mon ami Boisseau de faire le concours en collaboration ! se dit-il; Boisseau est mon camarade d'atelier; nous sommes à peu près du même âge ; un travail commun est possible entre nous. L'offre sourit à Boisseau qui accepta. On connaît le brillant ré- sultat de cette collaboration. L'appel aux sculpteurs avait été fait par Albert Wolff dans le Figaro du 30 mai 1873. Du 28 juillet au 3 août, cinquante-trois modèles furent exposés dans les salons de Durand-Ruel, rue Le Peletier. Le jury avait été élu parles concurrents eux-mêmes. Il était composé de MM. Guillaume, directeur de l'Ecole des Beaux- Arts, Perraud, de l'Institut, Carpeaux, Falguiere, Cabet et Paul de Saint-Victor, de M. de Villemessant et de MM. Renaud et Jauffroy, les architectes de l'hôtel. Les membres dujury choisi- rent l'œuvre d'Amy et Boisseau. L'esquisse d'environ 80 centi- mètres de haut portait sur la plinthe cette épigraphe qui a été re-