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328 LA REVUE LYONNAISE peu voûté, les yeux bordés de rouge mais très propre sur toute sa personne, constamment rasé de frais, portant de petits favoris et une couronne de cheveux blancs ; sa tête était comme soutenue par un col de chemise qui lui montait jusqu'au milieu des joues et autour duquel s'enroulait plusieurs fois une cravate d'une blan- cheur immaculée. Au milieu de son atelier se trouvait un vieux poêle en faïence, entouré de fauteuils, recouverts de housses usées, tirées, de couleur indécise. » L'accueil de cet aimable vieillard fut si cordial que les appré- hensions d'Amy disparurent dès les premiers mots et qu'il se sentit tout à fait à l'aise. — Mon cher enfant, lui dit M. Foyatier avec une grande bonté, si l'on vous a adressé à moi, c'est certainement pour que je tâche de vous être utile. Or, avant de faire quoi que ce soit pour vous, il faut que je sache quelle est au juste votre position et quels sont vos projets d'avenir. Permettez-moi donc de vous poser quel- ques questions et veuillez y répondre en peu de mots. La confession terminée, le vieux sculpteur reprit son petit discours, tout en promenant ses mains ridées sur l'émail de son poêle. — Mon cher enfant, maintenant que je vous connais mieux, voici ce que je veux vous dire. Mais, d'abord, écartons de notre conversation les questions d'art; nous y reviendrons plus tard. Pour l'instant, allons au plus pressé. Il ne faut pas rester à l'hôtel. C'est malsain au physique comme au moral. Achetez un lit, une table, deux chaises, quelques menus objets de première nécessité et installez-vous dans une petite chambre. Vous trouverez facilement dans ce quartier. J'irai vous voir quand vous serez chez vous. Le jeune homme s'empressa de suivre ces conseils paternels et le vieillard lui tint parole. Un jour, Amy le vit arriver dans sa chambrette, sous les toits. — C'est bien ça, dit-il en entrant, un lit, une table, deux chaises, une pour l'ami et l'autre pour le maître du logis, Je prends celle de l'ami. Vous avez maintenant le nécessaire. Le reste viendra avec le temps. La bienveillance de M. Foyatier pouvait devenir précieiue pour le jeune sculpteur qu'il invitait quelquefois à dîner chez lui ; mal-