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                  PHONETIQUE, VOYELLES TONIQUES                                        2v)9

    1° Quand le verbe latin est terminé par l'hiatus EARE, IARE1 :
Scoveare —. coivi, balayer ;                   Minatiare = menace", menacer- ;
Calceare ~ chouss?*, chausser ;                Drietiare — dressî, dresser ;
Trixiare — tressf, tresser,                    Impactiare = impachî, empêcher ;
Texiare = tissî, tisser ;                      Hirpiciare = harpayî, herser ;
Pretiare = prisî, priser ;                     Molliare = molli, pleuvoir ;

  2° Quand il est précédé d'une gutturale fc,g,j), soit que cette
gutturale persiste, soit qu'elle tombe ou devienne yotte en patois :
                           EXEMPLES DU PREMIER CAS
Gircare — chârchê, chercher ;                  Mand(u)care = mingî, manger ;
Praed(i)care = praîchî, prêcher ;              Expand(i)care = panchî (se dit d'un
Vind(i)care se, se revingt, se venger ;          tonneau qui perd) ;
Jud(i)care = jugî, juger ;              Fod(i)care = fougî, fogî, labourer à labêche,

que tout son palatal, quelle qu'en soit la provenance, a le privilège de changer a en
 ie. Mais si les lecteurs de la Revue lyonnaise sont tous des lettrés, leurs études se
 sont le plus souvent portées sur autre chose que la philologie romane, et'j'aurais
craint d'être peu intelligible. Il me semble donc plus clair, encore aujourd'hui, de
procéder en me bornant purement et simplement à énumérer les consonnes ou groupes
après lesquels a latin se change en î lyonnais. Qu'on veuille bien ne pas oublier que
notre but est ici d'observer des faits et de les faire toucher du doigt : rien de plus.
   J'ajoute qu'en l'espèce, je n'aurais pu même envelopper sous la formule de
M. Ascoli la loi de toutes les transformations de a tonique en i dans notre patois.
Si le lecteur veut y prêter quelque attention, il ne lui échappera pas que, dans les
cas signalés ici sous les n<" 1, 2 et 3, la transformation de a en i est toujours appelée
par yotte. La gutturale (o, ch, g) = yotle. Les II mouillées ne sont que l plus yotte,
car filla, avec II mouillées, se prononce exactement comme filia. Gn = «plus yotte,
car seniorem = seigneur, qu'on écrivait encore au seizième siècle seinieur.
Mais le n° G (ss appellent î) échappe à cette formule, encore bien que M, Ascoli
signale abassare comme égalant abaissier, car passare n'a pas donné               paissier,
quassare n'a pas donné caissier, pressure n'a pas donné pressier, et bassare lui-
même a donné baissar en provençal. Enfiu, dans nos §§ 4 et 5, il s'agit non seu-
lement de i semi-voyelle (yotte), mais de i voyelle. Ces faits ne sauraient rentrer
dans la loi de M. Ascoli ou, plus exactement, du vieux français.— J'ose espérer que
ces explications me justifieront aux yeux de M. P . Meyer, dont le reproche m'avait
été sensible, moins sensible pourtant que l'honneur d'attirer son attention.
   * Notez en passant cetle particularité que, lorsque l'hiatus est, comme ici de for-
mation latine, i! engendre la finale en î. Quand l'hiatus est de formation patoise, par
la chute d'une dentale médiale, comme dans mari(t)are, devenu mariasre, il engendre
la finale en ô. C'est que, dans le premier cas, i est un yotte ou un i semi-voyelle,
dans le second cas, i est un -/ voyelle.
   On remarquera, en continuant, que plusieurs verbes, ont non seulement une rai-
son, mais deux raisons de se terminer en [î. Ainsi dans drietiare = dressî, î final
est engendré : 1° par l'yotte àe'iare; 2" par le c séparé de are par t (voy. plus loin,
§ 2, rem. 1). Gela prouve qu'abondance de biens ne nuit pas. On pourrait donc placer
le même exemple dans deux catégories. Pour éviter les répétitions, nous avons, en
pareil cas, placé l'exemple sous le § i, dans la catégorie de EARE, IARE = YI, ou
I, selon les cas.