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268                 LA REVUE LYONNAISE
attachés sur les côtés, comme les ailes du pétase de Mercure. Bas
de soie et escarpins découverts et souples, comme des souliers de
ballerine. La plupart sont très jeunes, quelques-uns plus mûrs;
tous d'une prestesse, d'une agilité, d'une grâce incomparables.
   11 j a différents jeux. Celui de la cape, celui des banderillas,
celui de la muleta.
   Les capeadores étendent par terre leurs grands manteaux en
'orme de demi-lune, les lèvent en l'air, les déploient de mille ma-
nières différentes. Le taureau leur court dessus. Ils font un saut
de côté, un écart imperceptible, s'esquivent, disparaissent, au
grand ébahissement du pauvre taureau, qui ne sait jamais ce que
son homme est devenu.
   Les banderilleros font le simulacre de lui planter leurs bande-
rillas dans le dos,à la base du cou, soitde loin, soit àboutportant.
Ces inoffensives banderillas sont garnies, à l'une de leurs extré -
mités, d'une cocarde multicolore, qui s'attache au pelagedu taureau,
et y reste collée, jusqu'à ce qu'un autre banderillero l'en enlève
d'un coup de revers delà main. D'habiles banderilleros opèrentassis
sur une chaise, au milieu de l'arène, jeu difficile et dangereux,
qui exige de la part du torero qui s'y livre une foule de qualités
diverses que ni vous ni moi n'avons la prétention déposséder.
   La 'muleta est une sorte de béquille, recouverte d'un drapeau
écarlate que le toréador présente de côté. Le taureau se précipite
dessus, et effleure chaque fois de la pointe aiguë de ses immenses
cornes l'audacieux toréador.
   En un mot c'est, entre le taureau et ses compères les toreros,
un éternel jeu de cache-cache. De temps en temps, pour varier,
on joue aussi à l'attrape : le taureau poursuivant un homme ;
l'homme courant à toutes jambes pour ne pas se laisser attraper
par le taureau. Arrivé à la barrière, l'homme saute de l'autre
côté. C'est alors le taureau qui est attrapé, en se trouvant subi-
tement en tête-à-tête avec une haute muraille de bois, derrière
laquelle l'homme lui fait la nique. Quelquefois le taureau, engagé
par l'exemple, saute à la suite de l'homme, et fait un petit tour
de galop dans le couloir réservé aux acteurs. Une porte qui
s'ouvre, une autre qui se ferme, et Don Taureau se retrouve, sans
s'en être douté, sur le champ de ses premiers exploits.