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266 LA REVUE L Y O N N A I S E s'asseoir, sans être soumises à une pression latérale invraisem- blable. L'éclairage, très ingénieux, a été ménagé suivant les principes adoptés pour les panoramas, c'est-à -dire que les spectateurs sont à l'ombre, sous un toit, tandis que les acteurs, bêtes et gens, s'agitent en pleine lumière, sous le vélum, formé d'un morceau de ciel bleu, mis gracieusement parla nature à la disposition de la direction des courses. Cette combinaison a, en outre, l'avantage apprécié démet- tre les sportsmen à l'abri des coups de soleil possibles, même en cette saison, grâce à l'admirable climat dont la ville de Nice s'est réservé le monopole exclusif. La confortabilité des places est sagement proportionnée à leurs prix. Ainsi, l'enceinte réservée est garnie de chaises. Le public des premières est assis sur des banquettes rembourrées. Les bancs des secondes sont simplement recouverts d'une natte, tandis que ceux des troisièmes sont nus comme les murs d'un appartement garni. Il y a, sous les gradins, de vastes promenoirs, où l'on n'a pas à craindre de se trouver nez à nez avec un taureau navarrais en rup- ture de ganaria, et un buffet pour la dégustation du sherry - gobler et autres boissons exotiques chères aux « boudinés » et fashionables des deux mondes. On y rencontre, à chaque exhibition, la fine fleur du « vlan », du « pschutt » et du « tseng » mâle et femelle de toutes les contrées de l'univers, et l'on y flirte à l'américaine entre deux écarts de pied ferme ou deux passes de muleta. On sait qu'en Espagne une course de taureaux est un spectacle multiple, auquel prennent part un grand nombre d'acteurs, pro- tagonistes, coryphées ou simples comparses, dont l'importance et les attributions varient à l'infini. Il y a le capeador, qui est chargé d'amuser le taureau en lui présentant la cape, vaste manteau à la napolitaine, dans les plis duquel l'animal, mis en gaieté, se livre à une foule d'espiègleries, toutes plus folâtres les unes que les autres ; le banderillero,qvl l'agace en lui plantant dans les épaules de petits dards noués de rubans multicolores ; le picador, qui l'attaque à cheval; enfin le matador, qui le tue d'un seul coup d'épée. Il ne fallait point songer à donner à Nice une représentation!^ extenso.