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                  LES S C U L P T E U R S DE LYON               249
  nalité et sont tombées dans le même oubli que leurs auteurs ;
  la ville de Lyon a bien à elle une élite de maîtres qui y sont
  nés, qui s'y sont formés, qui y ont acquis leur valeur. Du
  milieu de tant d'ouvriers d'une habileté pour ainsi dire com-
  mune, ont surgi des hommes hors de pair dont la place est
  marquée dans l'histoire de l'arjt français.
    Jacques de Beaujeu, Jacques Morel et Henri de Nivelle, au
 quatorzième siècle ; Jean Perréal, Nicolas Le Clerc et Jean de
 Saint-Priest, au quinzième ; Philibert de l'Orme, Bernard Salo-
 mon, Georges Reverdy, qu'on regardait comme l'égal de Hol-
 bein, au seizième siècle ; Goysevox, les Stella, les Goustou,
 les Audran, au dix-septième siècle, sont d'assez grande taille
 pour rester dans les premiers rangs. Combien d'autres, connus
 à peine, dont l'esprit et la main ont eu leur pleine liberté, ont
 montré leur force, et auxquels justice ne sera rendue que
 dans l'avenir.
    L'histoire de l'art français n'a pas encore été écrite. Depuis
une trentaine d'années seulement, ou recueille les matériaux
de cette histoire, et, quelles qu'aient été l'ardeur et la perse -
vérance des ouvriers de cette tâche ingrate et obscure, on n'a
pas encore, pour aucune province, une vue nette et de la part
que chaque province a prise dans les entreprises du travail et
du caractère que, sous des influences diverses de position, de
milieu ou de race, le travail y a revêtu.
    La population de Lyon a rempli un. rôle important, bien
connu, quoique imparfaitement étudié, en matière de manufac-
tures, de commerce et de banque ; elle l'a rempli avec l'aide,
et, plus d'une fois, grâce à l'initiative, d'étrangers qui se sont,
pour la plus grande partie, fondus dans elle. On a essayé de
tracer le tableau de la vie puissante dont ont vécu, à certaines
époques, nos communautés de travailleurs, et c'est à peine si
les grandes lignes ont apparu. Les recherches et les études
premières sont loin d'être arrivées à leur terme.
    Nous avons réuni, pour notre part, des faits nombreux. Il
est peu probable qu'il nous soit donné de mener à fin l'étude
que nous poursuivons depuis de longues années et de nous
attacher ensuite, par un choix qu'il est toujours délicat de