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LE SALON LYONNAIS 223 commerce compromettant avec les livres, ressources intimes des rongeurs en frairie. Cet artiste si spirituellement habile, qui trai- tait les rats comme Mme H. Ronner traite les chats, ne nous enverra, hélas ! plus rien,mais son pinceau, brisé par la mort, a été ramassé par M. PONSON qui expose un tas de vieux bouquins d'un relief étonnant de vérité sur lesquels s'escrimeront plus tard avec convic- tion des rats philosophes, aidés de quelques souris libre-penseuses. Tout a été dit sur les roses de M. PERRAGHON. Roses roses et roses jaunes n'ont plus de secrets de beauté pour leur peintre or- dinaire, et ce dernier leur a voué un culte si exclusif qu'on se demande quelle tournure auraient des capucines et des œillets peints par M. Perrachon. On lui parle jasmin, il vous répond rose blan- che, et si on lui demande uue pivoine, il vous offre encore une rose si délicate et si charmante que l'on perd le courage de réclamer la variété dans une unité si parfaite. Je ne serai pas le premier à regretter la lourde et trop saillante teinture brun Van Dyck que M. Perrachon a cru devoir donner pour fond et repousssoir à son délicat bouquet, sortant tout épanoui de la corolle de cris'al d'un vase à haute et mince tige, L'exécution de cet accessoire avec sa ceinture d'or et d'orfèvrerie, est prestigieuse, et l'ensemble de celte oeuvre charmante est d'une élégance absolue. 11 est intéressant de suivre la transformation du talent et du faire de certains artistes consciencieux qui cherchent à s'appro- cher toujours davantage de l'inimitable réalité de la nature. Mmc PDYROCHE-WAGNER a commencé, il y a quelque vingt ans, à peindre dans la manière de son maître Saint-Jean, et beaucoup de bons tableaux conçus, et peints dans cette donnée, sont sortis de ses pinceaux. Depuis quelques années, cette artiste a abandonné l'ancienne école lyonnaise de la fleur et ses procédés de satinage, pour procéder par touches larges et franches relevées par de l a r - ges oppositions de lumière et d'ombre. Son Géranium ponceau sur le balcon d'un chalet (465) est d'un éclat et d'une solidité que l'artiste a rarement atteints à ce degré. Le fond indécis, gris et sourd de vieux vitraux, fait ressortir, en les sertissant dans une ombre légère, les colorations superbes des panicules rouges de la plante perçant de vives lumières les feuilles d'un vert sombre qui semblent découpées dans le velours. C'est là un des meilleurs