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222 LA REVUE LYONNAISE émule, malgré la remarquable facture de la crédence sur laquelle ils se détachent. Deux DBLANNOY. Sont-ce deux frères? N'importe! Je l'ignore, et n'en ai cure, mais leurs talents, pour traiter Pêches et Arti- chauts (163) ou Casques et Missels (164), sont frères d'armes et de palette, et méritent une solide et cordiale mention, au sur- plus illustrée par les étiquettes d'achat pendues, en manière de médailles, aux cadres de ces beaux tableaux. Un thé{ïil), traité dans une gamme pâle, harmonieuse, sobre et un peu éteinte, mais distinguée, comme la boisson aristocra- tique contenue dans de fines porcelaines servies sur un élégant plateau, tel est l'apport de M. COUTY ; il ne faudrait pas mettre tout auprès de cette toile reposée, le vigoureux broc de delftbleu, auprès duquel surgissent et rougissent les crevettes de M. ALBERT PATTE (415). C'est là un petit tableau, mais d'une rare puissance de couleur, un des meilleurs du salon, genre à part. M. VERNAY plaque consciencieusement le jaune à côté du rouge, le bleu contre le vert, le rose sur le violet, le blanc sur l'orangé et le brun sur le noir. Comment ces coups de couteau de palette chargé de pâte finissent-ils par former des pc-ires, des pommes, des melons, voire des fleurs, c'est impossible à comprendre, et cepen- dant en clignant tant soit peu de l'oeil, on finit par y voir des mer- veilles, fleurs et fruits, étoffes et feuillages ; et on applaudit à ce résultat d'un talent convaincu et fourvoyé. Les mêmes qualités de couleur avec les mêmes défauts et un peu plus se retrouvent dans le Bouquet (43) de M. BAUDIN, élève de M. Vernay, qui promettait plus et mieux en ses débuts d'il y a trois ou quatre ans. M. DECOCQDEREL a, ce nous semble, bien assez d'acquis et de réel talent, pour mieux faire que ce qu'il fait. Je m'entends, et ne veux pas dire par là que ses Cerises et ses Harengs frais (140) soient mauvais. Les cerises sont appétissantes et fraîches cueillies, les harengs — maigre régal, frais ou saurs — sentent encore la marée — mais quelle pauvreté d'invention, de composition, pour un pin- ceau d'ailleurs habile ! Nous avons souvent et longtemps admiré les rats, les savantes et pimpantes souris, que M. Chevrier nous envoyait de Maçon, en