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                       LE SALON LYONNAIS                            219




    Entrons au salon. Si manifeste que soit la décadence du portrait,
je serais mal venu à en parler cette année, car c'est à ce genre
 qu'appartient peut-être l'envoi le plus remarquable qui nous ait
 été fait.
    Le portrait de Mmo Victor Versigny, par M. AUGUSTE RAYNATJD
 (n° 477 du catalogue) est de tout point une œuvre de maître ; la
 simplicité de la composition, la sévérité des tons, y rehaussent
 la beauté noble et un peu froide du modèle, que font ressortir
 encore la fermeté du dessin et la sobriété des détails. Oa a divisé
les portraitistes en deux catégories : ceux qui peignent des por-
 traits, et ceux qui peignent des accessoires ; M. Raynaud est des
 premiers.
    M. DE LA BRÉLY, abusé par la facilité d'un pinceau pour lequel
les plus chatoyantes étoffes n'ont pas de secret, s'était un peu classé
jusqu'ici dans la seconde catégorie. l i e n sort avec le portrait de
M. le D''Teissier (n° 74), dont le pantalon bleu, le gilet bleu, la
redingote bleue et le pardessus bleu eussent peu prêté à ses effets
habituels ;le flnsourirebienveillant, le regard compatissant et doux
du célèbre praticien, rendus avec fidélité, concentrent sur le per-
sonnage l'attention tout entière, et lui donnent une vie dont les
précédentes œuvres du peintre manquaient trop souvent.
   Bien vivant aussi le portrait de Min° P., par M. TOLLET (n° 563) ;
le dessin est ferme, le coloris, dans la gamme difficile des bleus vio-
lets et des lilas roses, doux et harmonieux, trop assombri toutefois
par un fond vague sur lequel le sujet n'est pas assez franchement
enlevé. M. Tollet est un tout jeune artiste, en grand progrès, que
nous retrouverons plus loin avec un très bon tableau de genre,
l'Improvisateur,     et qui tiendra toutes les promesses d'un brillant
début encouragé l'an dernier par la Commission municipale.
   M. BARRIOT nous présente M. Alexandre Luigini dans tous
l'éclat de ses triomphes (n° 41) ; je ne veux pas faire la morale à
nôtre sympathique maestro, mais il me paraît abuser un peu du
droit que nos applaudissements lui ont donné de prendre des airs