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         LE SALON LYONNAIS


   Depuis qu'il y a des Salons à Lyon, et des journalistes qui en font
la critique, il a eu parmi eux comme un mot d'ordre, suivi avec
une fidélité rare, de rire un peu au dépens delà Commission execu-
tive de la Société des Amis des Arts chargée de l'organisation de
nos expositions annuelles. C'était une entrée en matière facile, et
qui remplaçait avantageusement les antiques lamentations sur la
décadence de l'art et les théories funambulesques de l'influence du
bleu. Et puis, comme nos bourgeois de la rue du Griffon, s'érigeant
en Mécènes, étaient grotesques ! et comme ces messieurs de laPresse
avaient beau jeu à leur prouver qu'ils n'étaient que des Philistins,
et à les renvoyer, d'un coup de plume, à leurs comptoirs et à leurs
boutiques ! Volontiers, on les comparait à ces productions potagères
dont l'art contemporain est trop peu avare, et pour une malheu-
reuse cantine, fort bien léchée, ma foi ! qui se glisse au Salon, on a
cru faire de l'esprit en disant qu'ils s'étaient « mis dedans ».
   Contre ces plaisanteries un peu surannées, incartades de chro-
niqueurs en disette, que vouliez-vous que fit la Société des Amis
des Arts? Qu'elle enrie, n'est-ce pas? etc'est ce qu'elle a toujours
fait. Je n'ai donc pas à la défendre contre des attaques dont elle n'a
jamais pris souci et qui jamais ne l'ont arrêtée dans son œuvre
patiente et sage de décentralisation. Aussi bien n'ai-je pas mission
de lui servir de Don Quichotte contre les moulins à vent de la cri-
tique, elle se défend-elle assez victorieusement elle-même. Un philo-
     MARS 1884.   — T. VII.                                    I4