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196                     LA R E V U E LYONNAISE
Empacho pas que l'pople se souven               n'empêehe pas que le peuple se
                                                souvient du joli temps où la Reine
Delgentitems ountla Reino Pedauco               Pedauque comme une fée, avec
                                                la paix au cœur, venait filer dou-
Goumo uno fado, ambe la pax al cor,             cement son Un d'or.
Veniô fiala douçoment soun li d'or.
Quand tourno l'miei de la poulido Primo,           Quand revient le milieu du
                                                gentil printemps, lorsque s'ac-
E que s'agafo à la randuro en flous             croche à la haie en fleurs un fil
                                                de soie ou de lumière, merveil-
Un fiai de sedo ou de lux, miraclous,           leux, on dit : a Sou fuseau nous
Disoun : « Soun fus nous le mando sus l'imo!    l'envoie sur la brise! Sa que-
                                                nouille œuvre sans relâche et
« La sieu counoulho oubrejo sens relais         pourtant, le lin dont elle est
                                                chargée ne diminue pas. »
E, per aco, deminjo pas soun fais. »
Preso d'ennuch, se sentint alagado,               Prise d'ennui, se senlant acca-
                                                blée, triste, elle perdit l'ardeur
Tristd, perdèt le vam d'ana cassa ;             d'aller chasser; elle se ridait,
                                                elle croyait (sentir) son sang se
Se rufissiô, cresiô se sanglaça.                glacer.Elle fut, un jour, rongée
Fousquèt, un joun, de lepro roassegado          de lèpre et cacha son corps, du
                                                cou aux pieds, sous un vêtement
E s'amaguèt, del colh junquos as peds,          magnifique autant qu'épais.
Joubs un vestit superbe autant qu'espès.

Ero al moument ount, dedins l'Aquitano,            C'était au moment où dans
                                                l'Aquitaine, Saturnin, Martial,
Sarni, Marcial, Antèn le Pamieres               Antonin de Pamiers faisaient
                                                sans peur des miracles tous les
Fasion sens pou miracles toutis très,           trois, en semant la parole chré-
En semenant la paraulo crestiano.               tienne. « Frères, disaient-ils,
                                                pieds nus etfront nimbé, la nuit
« Fraires, dision, peds nuds e frount nimbat,   noire devant la lumière s'abat.
La negro nueit davant la lux s'abat.
« Aro, a finit la bestialeneo vido.               « Maintenant, a fini la bestiale
                                                vie. Levez la tête, hommes, et
Levatsle cap, ornes, e siots parieus,           soyez égaux, sous le soleil et de
Joubs le soulelh e per le nouvel Dieus.         par le nouveaux l)ieu. Il faut
                                                s'aimer. La hideuse guerre est
Se cal aima. L'aulo guerro es ourrido.          bannie. Sentez dans l'âme et
                                                dans le corps la belle paix tom-
Que sentisquets dins l'armo e dins le cos       bercomme de la rosée! »
La belo pax toumba coumo de ros ! »

Dins soun palais, cari iero Peirolado,            Dans son palais, rue Peyre-
                                                iade, au vieux quartier qui est
Al vielh quartiè qu'es abuei Sant-Subra,        aujourd'hui Saint- Cyprien, la
La Reino en plours se vouliô delibra            Reine en pleurs voulait se déli-
                                                vrer de cette horreur dont elle
D'aquelo ourrou dount ero plasaulado.           avait son saoul. Quelle tristesse
                                                lui donnait son mal! Elle fit ap-
Quno tahir.o i balhabo soun mal !               peler Martial.
Fasquèt manda dreit à-n-elo Marcial.
Cande, arribèt l'apostoul do Limotge               Candide, arriva l'apôtre de
                                                 Limoges et Ranacbilde eut, en le
E Ranahildo ajèt, en le vesènt,                 voyant, comme le cri d'une heu-
Goumo le crid d'uno urouso jacènt.              reuse accouchée. Lui répondit:
                                                Que l'Amour se loge, ici ! Dans
El respoundèt : « Aici, que l'Amour lotge! »    la vaste chambre ils étaient seuls
                                                tous les deux. Elle, sur-le-champ,
Dins la erambasso eroun toutis dous soûls.      se mit à genoux.
Elo, sul'cop, se metèt à genouls.
Preguèt : « Tonets! Si la santat me tourno,       Elle pria : « Tenez ! si la santé
                                                me revient, je donnerai vite à
Balharè viteà 'nJesus-Oist moun cor,            Jésus-Christ mon cœur, et les
E les gourris aui'an le mieu trésor ! »         mendiants auront mon trésor! »