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        HUMBLE ESSAI DE PHONÉTIQUE LYONNAISE                      147
latines, de sorte que c'est encore par le moyen du latin qu'ils nous
sont parvenus.
   Nos bons canuts qui, le soir, disent à la bourgeoise d'accrocher
le chelu à la traverse de leur métier, se doutent-ils seulement qu'ils
emploient un mot gaulois, encore bien qu'il leur soit venu par
l'intermédiaire du latin, encore bien que l'objet lui-même ne soit
qu'une modification de la lucerna antique, restée beaucoup plus
apparente dans le chouleï de nos campagnes ? On ne peut rattacher
en effet chelu et ses pareils à aucun mot latin qui ait avec eux
quelque rapport de sens. Au rebours, « en partie tous » les dialectes
celtiques nous fournissent le radical cal, choul, chai, chel, qui les
a engendrés. En armoricain, goulou, anciennement goulaou,
signifie lumière, chandelle; en kymri, golen, gole, goleuni,
gwawl, a le même sens de lumière ; en ancien comique, golou
veut dire lumière, et goloulester, lampe; en irlandais, gogar a la
signification de lumière. Mais notre chouleï, pour dériver du radi-
cal, n'a pu moins faire que de passer par un latin barbare calicu-
lus, qui a donné le vieux français chaleil, et le provençal caleil,
employé par le bon Rabelais, lorsqu'il nous conte un peu trop
gauloisement la manière comment furent divisées en lieues les routes
de France, et la raison pourquoi elles devenaient plus allongées à
mesure qu'on s'éloignait de Paris, pour autant que, d'infortune,
« il n'y avoit plus d'olif en li caleil ».

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   Donc, ce qu'il s'agit d'étudier, c'est la transformation des sons
latins en sons lyonnais. Pour cela, nous devrons partir du bas-
latin, car c'est de lui que nous tirons notre origine, et non du latin
d'Horace, encore bien que nous rencontrions parfois dans notre
patois des mots de pur latin classique.
   Reste la question de savoir comment nous devrons écrire les
mots lyonnais.
   Il est admis aujourd'hui en philologie que l'on doit, pour les
patois, adopter une orthographe rigoureusement phonétique. Pour
y parvenir, chaque philologue suit une notation parliculière. Les
 voyelles sont garnies de petits indices qui en modifient les sons. On