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146                        LA REVUE LYONNAISE

le lalin. — L'ouvrage ne paraît pas avoir fait grande sensation
dans le monde savant. —Passe pour M. de Cassagnac, mais même
des gens instruits ont longtemps prétendu que, sinon le français,
du moins nos patois étaient purement du celtique. L'excellent
Champollion-Figeac, qui était un savant, était convaincu que « c'est
de la langue vulgaire des provinces que se sont formées les lan-
gues française, espagnole et italienne », et, par langue vulgaire, il
entendait le celtique, du moins, disait-il, « le celtique corrompu
par le latin ». Cocliard, qui n'avait pas l'érudition étendue de
Champollion-Figeac, mais qui était doué d'un bon sens naturel, à
propos du mot attofayî qui, en lyonnais, signifie élever, au sens
métaphorique d'élever des enfants, des arbres, des bestiaux, etc.,
et vient tout bonnement d'aptificare, Cochard écrit cette phrase
légèrement narquoise : « M. Champollion-Figeac le dérive du cel-
tique, ce qui n'est pas probable. »




   Ce n'est pas à dire que le celtique n'ait sa petite part dans nos
patois. Nous savons par les auteurs latins que même quelques mots
du latin classique ont été tirés des dialectes gaulois : ainsi alauda,
alouette huppée, bulga, petit sac, larix, mélèze, etc. Il a dû en
être autant du latin populaire, mais nous savons aussi que les
mots gaulois y sont extrêmement rares, parce que, dans le cas con-
traire, nous les retrouverions dans les divers dialectes celtiques
encore existants ou qui ont laissé des monuments écrits, ce qui
n'est pas. Sur plus de cinq mille mots d'origine populaire que compte
le français, il n'en est guère plus d'une vingtaine qui appar^
tiennent au celtique. La proportion est un peu plus forte dans nos
patois *.
   En tous cas, ces mots celtiques, ainsi que les mots grecs intro-
duits dans le latin populaire, avaient été façonnés à l'image du
latin, affublés de terminaisons latines, déclinés sur des déclinaisons
  1
    11 n'est pas ici question des noms de lieux, où, au contraire, la pari du celtique
est considérable, les noms primitifs ayant été seulement latinisés par les Romains.