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130                  LA RRVUK LYONNAISE
                    er
 cœur de François I , dans une urne élégante du temps de la Renais-
 sance, qu'on peut encore admirer au musée du Louvre, avait été
 aussi dévastée, mais, du moins, plus régulièrement. Elle était
fermée alors, vu qu'elle tenait à un couvent de femmes supprimé
 avec les autres en 1792.
   L'ancienne abbesse qu'on nommait, je crois, Mmo de Tourondel,
vivait encore dans le pays assez tranquillement, dans le village même
de Coignières; mais elle avait dû quitter son costume de religieuse,
elle était vêtue comme une vieille matrone du Marais.
   Le curé recevait de temps à autre quelques visites venues de loin,
mais celles-ci étaient courtes et fugitives. Un jour il lui tomba
inopinément toute une famille. C'était un homme âgé avec deux ou
trois dames qui semblaient être ses filles ou petites-filles. Tous
avaient un air agité et inquiet; après un ou deux tours dans le jar-
din ils s'éloignèrent. J'appris bientôt que c'était M. de la Verdy,
autrefois contrôleur général. Il était poursuivi par les sbires de la
Révolution, et déjà même traqué. Il ne put s'y soustraire long-
temps. A deux jours delà, nous apprîmes l'arrestation du malheu-
reux contrôleur général, et, peu après, sa mort sur l'échafaud ! Il
y avait, dans une telle circonstance, de quoi graver un nom et une
figure dans la mémoire, d'une manière ineffaçable. Ce village, situé
comme il l'était, ne pouvait, en effet, servir de refuge autrement
que de passage. 11 était trop à découvert, et, comme la plupart des
environs de Paris, habité, sauf quelques exceptions, par de mau-
vaises gens. C'était surtout avec les paysans renforcés, devenus
petits bourgeois, qu'il fallait être le plus sur ses gardes. Le maître
de poste du lieu, et maire en même temps, un nomméLemesle, se
distinguait par la virulence de son patriotisme. Lui et sa femme,
créature aux formes nommasses, et à la figure dure et malveillante,
m'ont toujours semblé un spécimen de l'espèce. Il paraissait, cepen-
dant, en assez bons rapports avec le curé et sa nièce, et les invitait
quelquefois à dîner. J'étais toujours de la partie. Un de ces jours -
là, à l'occasion d'une visite que M. Bourgeon, celui qui m'avait
placé chez son oncle, était venu lui faire, nous fûmes tous invités à
dîner chez le maître de poste. Le repas fini, on causa ; je m'enga-
geai imprudemment dans je ne sais quel récit de souvenir enfantin,
et je parlai des femmes de chambre de ma mère. A ce mot,