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SOUVENIRS DU COMTE ARMAND DE S A I N T - P R I E S T 12!) sec, et ne me semblait pas avoir les allures d'un prêtre. Il est vrai que je le voyais plus souvent habillé en bourgeois qu'en soutane, qu'il ne portait que lorsqu'il se rendait à sou église, située si près du presbytère, qu'il n'était pas obligé de traverser les rues du vil- lage, ni la grande route qui passait au milieu ; il faut croire cepen- dant qu'il était bon prêtre et dans de bons principes politiques, car, sans cela, il n'aurait pas osé fréquenter les châteaux voisins, comme chez le duc deLuynes, à Dampierre, habitation magnifique, ou au Tremblay où demeurait une vieille demoiselle d'Angennes, la der- nière de cette famille qui avait rendu l'hôtel de Rambouillet si illustre. Je ne nomme que les principaux de ces châteaux, dans une contrée qui en était remplie. Le curé y allait fréquemment en v i - site, et j ' y étais toujours bien reçu. Mon arrivée à Coignières dut avoir lieu dans le mois d'août 1793 ; j'en juge par quelques rappro- chements de faits et de dates, sans en avoir la certitude. Mais les fruits du jardin du curé étaient déjà en pleine maturité, ce souve- nir me tient lieu d'almanach ; et pourtant, à cette époque déjà avancée de cette année de destruction, le culte était encore debout ! Le curé disait régulièrement et publiquement sa messe dans l'église de Coignières ; on n'y voyait, à la vérité, que des femmes et presque pas d'hommes. Outre la messe chantée les dimanches et grandes fêtes, on y faisait encore la procession dans le jardin et le cimetière; les baptêmes et les enterrements avaient lieu comme dans les temps ordinaires, et j ' y figurais, pour ma part, revêtu de l'aube, serrée d'une ceinture rouge, comme les enfants de chœur des églises de Paris. Il est évident que la spoliation des maisons royales avait précédé celle des églises ; car, très peu de jours après mon arrivée, le curé ayant aussi reçu la visite de quelques parents de Paris, habitants du Marais, arrangea une promenade au château de Saint- Hubert, maison de chasse dans la forêt de Rambouillet. Le bâti- ment, construit sous Louis XV, témoignait encore de l'élégance de l'architecture à cette époque, au moins quant à l'extérieur. Pour l'intérieur, il était entièrement bouleversé, tout y était plutôt brisé que pillé, on n'avait pas emporté les glaces, on n'avait pas eu la patience de les enlever de leurs châssis. On avait préféré les r é - duire en poussière, et l'on s'apercevait que ce vandalisme était de fraîche date. L'Église de Haute-Bruyère, où avait été déposé le