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LES FACTEURS DES FORMES DU LANGAGE 113 faculté créatrice, n'est qu'une application. Cette marque originelle n'est autre que la parfaite symétrie, ou mieux l'identité, qui carac- térise les différents termes de chacune d'elles. Ce sont donc des créa- tions artificielles (celles de la nature étant toujours variées) que l'homme a produites à différentes époques, d'une manière plus ou moins consciente, selon son degré d'éducation et de civilisation. Nous avons là un argument d'ordre psychologique qui s'ajoute aux [raisons chronologiques que nous avons fait valoir d'abord pour montrer et expliquer le jeu de l'analogie en pareille matière. Si nous remarquons maintenant, qu'à côté de la partie des formes du langage qui ressort de l'analogie, et qui a pour particularité distinctive Y uniformité des différents termes de chaque série, l'autre partie, qui échappe à l'analogie, a pour caractéristique essentielle la variété, nous en conclurons que nous nous trouvons en présence de créations naturelles, les seules qui présentent autant de types différents que de phénomènes ou d'individus ; autrement dit que, derrière l'esprit humain se servant de l'analogie pour multiplier le matériel du langage, se trouve un autre facteur, —la nature, — représentée par les organes de la voix et les forces physiologiques qui y président, auquel on doit les prototypes de chacune des séries dont il a été question plus haut. Mais en quoi consiste le développement physiologique du lan- gage? Ce phénomène général a déjà reçu une définition des gram- mairiens : c'est la permutation ou l'évolution des sons dont l'étude, qui s'identifie en quelque sorte avec celle de la partie naturelle des formes du langage, constitue la meilleure partie delà science appelée phonétique. Nous dirons tout à l'heure comment cette science se relie à celle de la grammaire historique; ajoutons auparavant quelques obser- vations à celles qui précèdent sur les éléments naturels des langues. Les différents suffixes, avons-nous dit, en font partie comme têtes de ligne des séries verbales ou grammaticales. Il est infiniment probable qu'à l'origine ces suffixes étaient pour la plupart insépa- rables des racines et que l'analogie les en a détachés pour les rendre indépendants, et leur créer un sort dont l'importance a toujours été