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LE MUSÉE DES P E I N T R E S LYONNAIS 107 De lui, nous sautons à BERJON, notre contemporain et le vrai fon- dateur de l'école des fleuristes; il est représenté par un grand nombre de tableaux, tous traités avec un soin méticuleux, un dessin trop soigneusement correct peut-être, ainsi que sa couleur trop sobre de ces hardiesses qui font vivre la fleur, lui donnent la fraîcheur et la consistance indécise qu'elle a dans un jardin. Berjon est un maître que l'on doit étudier comme un écolier étudie Lhomond et le De Viris , mais qu'il ne faut pas imiter de crainte de tomber dans la monotonie et le décors de convention. Des fleurs de marbre ou de cire moulée, des bouquets arrangés selon certaines règles de la mode, l'inévitable vase sur une console banale, la goutte d'eau obligée, ainsi que la mouche posée sur un fruit, artifice usé, telles sont en général les compositions qui se rattachent à cette première période. GALLAY, mort jeune, dont il n'y a qu'un tableau, fût moins recherché et plus naturel, il se borna à copier quelques tiges de fleurs, quelques branches chargées de fruits sans aucun arrange- ment et il fut classé de suite parmi les maîtres à cause de la finesse de son pinceau et l'exactitude de son coloris. Le vrai maître de nos jours fut SAINT-JEAN qui chercha à joindre à ces objets inanimés une idée les rattachant à un sujet d'un ordre plus relevé. Ainsi dans son beau tableau du Christ entouré des emblèmes eucharistiques, il ne se borne pas à un effet matériel, résultat des heureuses combinaisons de lignes et de teintes, il s'élève à la hauteur des peintres, poètes, penseurs et inspirés et de plus il révèle une connaissance profonde du dessin, de l'anatomie des plantes, de l'harmonie, de l'infinie variété de leurs teintes, et sans cesser d'être un exact observateur de la nature, il apporte toujours un goût exquis dans le choix des modèles. Les autres peintres reflètent les théories élevées de Saint-Jean et sa pratique savante, et toutefois ils les ont modifiées selon leurs tendances individuelles et ne se sont pas bornés au rôle de serviles imitateurs. Nous pouvons admirer à côté de ses ouvrages, ceux de BAILE, de REiGNiER,de MAISIAT, de REMILLIEOX, de THIERRIAT, de LAYS, de PERRAGHON, de RIVOIRE et aboutir à SEIGNEMARTIN ! SEIGNEMARTIN mourut avant d'être entré en pleine possession de son talent, car il avait du talent et, en germe, des qualités s u -