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102 LA REVUE LYONNAISE touche et vérité de mise en scène. Ma besogne est faite et je renvoie les curieux à l'excellente notice de M. Vingtrinier, insérée dans Lyon-Revue de 1883. Je serais tenté également de sauter à pieds-joints sur une de nos célébrités les plus légitimes, sur J.-J. DEBOISSIED. On a publié sur lui et ses ouvrages des notices complètes. Il fut remarquable surtout par ses eaux-fortes, ses dessins et ses lavis; le musée en possède quelques-uns et, pour mieux apprécier ce talent inimitable, il faut revenir par la pensée à l'exposition rétrospective de 1877, où figu- rèrent les trésors conservés dans sa famille, les Petits Maçons, les Joueurs de boules, etc. Je dois me borner ici à quelques remarques sur sa manière et ses procédés. Cette manière est dans l'ensemble celle de tous les maîtres, faire du premier coup, rester sobre dans l'emploi des couleurs, frapper juste et par conséquent frapper fort. Tel lavis paraît d'une grande puissance de ton, en l'analysant on n'y trouve que de l'encre de Chine et une ou deux teintes étran- gères; le secret de ces tours de force est d'être fixé sur ce que l'on veut faire avant de commencer et de ne pas badigeonner au hasard la toile ou le papier; l'ouvrage doit être complet dans la tête avant d'être entrepris avec le crayon ou le pinceau; en agissant ainsi, chaque touche est posée sans hésitation, en son lieu, avec sa valeur précise. Ce système fut continué par quelques aquarellistes comme Hubert et Tourny et ils arrivèrent, grâce à lui, à rivaliser avec l'intensité de la peinture à l'huile. On peut les copier en examinant avec attention leurs procédés, en ayant quelques notions de leurs ficelles; pour faire soi-même aussi bien qu'eux ou à peu près, c'est autre chose. PJETRUS PERLET n'a pas laissé une réputation bien éclatante et maintenant il est, je crois, peu connu. Le tableau qui figure dans notre musée fut exposé à Paris en 1838 et valut à son auteur un article élogieux dans l'Artiste, accompagné d'une lithographie de Lemercier, le voici : « Perlet se renferme dans la pensée, prenant, sans, qu'il le veuille, l'esprit de ces moines rigides que son pinceau affectionne. Il tend à mépriser comme eux la matière (ceci est un peu alambiqué) ; son tableau représente l'Émigration des Frères de la Trappe: c'est une scène grave et triste au fond des bois ; petite page qui