page suivante »
96 LA R E V U E LYONNAISE s'est adressé M. Quantin ; nous devons à ce choix éclairé un excellent et fort intéressant volume. Pour la généralité des lecteurs, et je me range humble- ment dans cette catégorie, ce sujet est tout nouveau. Nous connaissons fort mal l'histoire de cette longue période qu'on appelle le Bas-Empire et où l'art a eu pourtant de magnifiques floraisons. Quelle prestigieuse délicatesse, en effet, l'on retrouve dans les chefs-d'œuvre de l'orfèvrerie, de la mosaïque, de l'ivoirerie, de la miniature, qui sont un des signes caractéristiques de cet art oriental. L'amour de la somptuosité y éclate partout, dans l'architecture, dans les palais et les églises de Gonstantinople dont l'auteur fait revivre l'aspect monumental, dans les décorations des manuscrits, dans les magnifiques tissus historiés. Comme tous les autres, l'art byzantin a passé par les différentes phases de formation, de développement et de décadence. Longtemps il demeura fidèle aux traditions des maîtres 'antiques : le triomphe du christianisme, sous Constantin, lui apporta des éléments nouveaux. Justinien fait bâtir Sainte-Sophie, le type par excellence de l'art byzantin, comme architecture et comme décoration. La longue querelle des iconoclastes vint arrêter pour quelque tempes son essor : mais, ensuite, au onzième siècle, une renaissance se produit qui dure jusqu'aux croisades : celles-ci marquent l'heure de son déclin. M. Bayet fait de cette histoire un exposé précis et lucide. Il avait un écueil à redouter : l'embarras des discussions archéologiques. Je le félicite d'avoir su mettre de côté ce luxe qui peut plaire à quelques-uns, mais qui n'eût point été à sa place dans un ouvrage de la collection Quantin, qui s'adresse au grand public. Les très nombreuses illustrations de l'Art Byzantin, exécutées avec le soin qu'on a remarqué dans les volumes déjà publics, sont un commentaire perpé- tuel du texte. Inutile de dire que la fantaisie en est scrupuleusement bannie et qu'il n'y a là que des reproductions consciencieuses et exactes des chefs -d'œuvre de l'art. II. Le critique d'art le plus autorisé de la Belgique, M. Wautcrs, a bien voulu se charger de rédiger un manuel court et en même temps complet de la Peinture flamande. Les maîtres immortels, dont les noms demeureront impé- rissables, les Van Eyck, lesRubens, les Van Dyck, les Téniers revivent dans ces pages écrites avec une indiscutable compétence. Un précis de la vie de chacun d'eux, non plus d'après les légendes qui, d'on ne sait trop pourquoi, s'attachent à certains hommes, mais d'après les documents authentiques, l'indication de leur manière, de leurs procédés, la nomenclature de leurs œuvres principales, voilà pour chacun d'eux. Depuis les enlumineurs et les imagiers qui fourmillent au sein des puissantes communes de Flandre jusqu'aux peintres actuels, que nous retrouvons aux expositions annuelles, tous sont passés en revue, et jugés. Le chapitre consacré à Rubens est particulièrement remarquable. On sent bien que c'est là , pour M. Wauters et pour bien d'autres, le peintre d e l à nature vi- vante, frémissante, féconde, qui a répandu sur elle toute la fougue de son mer- veilleux coloris, toute la richesse d'une palette éblouissante. Colorées aussi sont les paroles de l'écrivain quand il parle de cet objet de son admiration, quand il décrit à grands traits les chefs-d'œuvre de ce génie qui semble inépuisable. Cent huit gravures mettent sous nos yeux les plus remarquables productions de la peinture flamande et ajoutent encore à l'intérêt de ce beau volume. Sempre avanli ! que ce soit la devise do M. Quantin, l'intelligent éditeur de la