Pour une meilleure navigation sur le site, activez javascript.
page suivante »
88                        LA REVUE LYONNAISE
diens de l'enfant, de Desaux, son médecin, de l'architecte Bellanger, de Barras
et du'commissaire Damorit qui a assisté à ses derniers instants, ot qui cite tex-
tuellement les paroles prononcées par lui peu d'instants avant sa mort.
   Quant au vice scrofuleux signalé, et dont on a voulu faire le second argument
à l'appui de la substitution, il est réel ; mais que saurait-il prouver contre la
mort de Louis XVII au Temple, quand on se sera rappelé les nombreuses décla-
rations de tous ceux qui ont approché du petit prisonnier, tous, depuis Marie-
Thérèse, sa sœur, jusqu'à ses gardiens et aux employés du Temple, jusqu'aux
médecins et aux commissaires que la Convention et la Commune envoyaient
l'examiner et le surveiller, tous, signalant les premières apparitions et le rapide
développement du mal affreux, reconnu plus tard par l'autopsie, et qui avait
courbé son pauvre petit corps, gonflé ses articulations, allongé démesurément ses
bras et ses jambes au point d'avoir pu faire constater ces terribles transformations
par Marie-Thérèse, qui ne pouvait apercevoir son frère qu'à travers les fentes
de la porte de sa garde-robe. Que prouverait-il surtout, quand on aura lu le pro-
cès-verbal authentique, retrouvé et publié par M. Ghantelauze, de l'autopsie du
premier Dauphin, fils de Louis XVI et de Marie-Antoinette, emporté par ce même
mal, juste six ans auparavant, le 4 juin 1789, au château de Meudon. Il est donc
hors de douta aujourd'hui que Louis XVII avait apporté au Temple les germes
de ce rachitisme, triste héritage du sang autrichien, que les mauvais traitements
et la mauvaise nourriture, le manque absolu d'exercice, la privation d'air, la
tristesse de l'isolement surtout, devaient lui rendre bientôt mortel.
    Voilà donc réfutés les deux principaux arguments do la thèse de la substitu-
 tion ; sera-t-il nécessaire de discuter encore le témoignage en sa faveur de la
 Simon qui, sortie du Temple le 19 janvier 1794, plus d'un an et demi avant la
 mort du Dauphin, n'y était pas rentrée depuis cette époque et qui, comme le
 dit si justement Louis Blanc, avait tout intérêt, pour se laver de l'accusation
 d'avoir maltraité son prisonnier, à soutenir qu'il avait été enlevé de sa prison,
 et que même il était venu la voir aux Incurables de la rue de Sèvres, où elle
 s'était retirée, pour lui témoigner toute sa gratitude des soins dont elle l'avait
entouré. II suffit de mettre ce témoignage unique, intéressé et acheté vraisemble-
ment par l'or d'Hermagaud, le premier des faux Louis XVII, en présence des
dépositions unanimes de tous les gardiens et les employés du Temple.
    Car, comme le fait très judicieusement remarquer M. Chantelauze, les doutes
sur l'existence du Dauphin au Temple, suscités pendant sa vie par les défiances
 des révolutionnaires, ou les espérances de ses partisans, ne sont jamais venus
 que du dehors, et n'ont jamais existé un seul instant parmi les habitants de la
Tour. Chez ceux-ci, unanimité absolue, aucune contradiction; plusieurs d'entre eux
avaient connu le Dauphin avant sa captivité ; c'étaient d'anciens serviteurs des
Tuileries, officiers de bouche, cuisiniers et servants que la Convention avait placés
sous la surveillance étroite de ses commissaires, auprès de ses prisonniers, dans
la crainte de voir ceux-ci empoisonnés par quelque trop zélé patriote.
   Aux témoignages si compétents de ceshommes, qui ont vu Louis XVII pendant
sa captivité, sous les yeux de quelques-uns desquels il est mort, il faut joindre
ceux de toutes les personnes qu'un service quelconque avait appelés au Temple;
des membres du Conseil général de la Commune, qui, au nombre de quatre, ve-
naient chaque jour se relever dans la surveillance du Temple; des commissaires
civils, qu'à partir du 9 thermidor, chacune des quarante-huit sections de